Mali: un groupe armé appelle les Touaregs à s'unir dans un seul mouvement politique

DR

Le 28/10/2019 à 11h10, mis à jour le 28/10/2019 à 11h12

Un des groupes armés signataires de l’accord d'Alger a prôné, samedi 26 octobre, la «fusion» en un large «mouvement politique» des différents groupes qui représentent le nord malien, alors que cet accord tarde à produire ses effets dans un pays toujours en guerre contre le djihadisme.

Le Touareg Alghabass Ag Intalla veut «imprimer un nouveau souffle» à la Coordination des mouvements de l’Azawad. Il propose ainsi à l'ensemble des mouvements du nord malien de s'unir autour d'un mouvement politique pour mieux se faire entendre. 

La proposition a été faite par Alghabass Ag Intalla, le chef du Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), qui se définit comme un mouvement « politico-militaire » multicommunautaire, en ouverture d’un « congrès » du mouvement à Kidal, dans le nord-est du pays. Ce groupe est l’une des composantes de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA, ex-rébellion à dominante touareg), avec le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) et le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA).

«La CMA a cinq ans d’existence. N’est-t-il pas pertinent de lui imprimer un nouveau souffle ?», a lancé le secrétaire général du HCUA, devant des délégués à la tête recouverte du traditionnel chèche des Touareg, des chefs locaux du Niger et de l’Algérie et de représentants de la mission de l’ONU (Minusma). « Nous lançons ici un appel à la CMA et à tous les autres mouvements partageant les mêmes idéaux pour fusionner en un seul mouvement politique capable de prendre en charge les préoccupations des populations de l’Azawad dans le cadre de la construction nationale », a ajouté Alghabass Ag Intalla.

Velléités séparatistes

Le MNLA, qui tiendra lui aussi un congrès à Kidal le 30 novembre, va « examiner cette question pour que nous puissions rester dans la même dynamique », a assuré l’un de ses dirigeants, Billal Ag Cherif, selon des propos recueillis par un correspondant de l’AFP.

Kidal fait partie des vastes zones du Mali qui échappent de facto à l’autorité de l’Etat. Prise en 2012 par les rebelles djihadistes, elle est aujourd’hui, malgré la présence de bases française et des forces onusiennes, sous le contrôle d’ex-rebelles séparatistes touareg qui se sont soulevés contre le pouvoir central en 2012, avant de signer un accord de paix à Alger en 2015. La situation de la ville, à quelques centaines de kilomètres de l’Algérie et du Niger, suscite l’inquiétude des pays du Sahel, pour qui elle sert de base arrière à des djihadistes pour semer la terreur dans la région et dont les exactions se sont étendues d’abord au centre du Mali puis vers les pays voisins, notamment le Burkina Faso.

Les groupes armés indépendantistes, dont le HCUA, formé en grande partie d’anciens membres du groupe djihadiste Ansar Dine, ont pour la plupart signé l’accord de paix, renonçant à leurs velléités séparatistes contre plus d’inclusion dans la société malienne, y compris dans une armée reconstituée, et plus d’autonomie. Mais son application reste très lente et les « reformes institutionnelles doivent être mises en place dans une architecture permettant aux populations du nord, dans un esprit de pleine citoyenneté, de gérer leurs propres affaires », a insisté samedi M. Ag Intalla.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 28/10/2019 à 11h10, mis à jour le 28/10/2019 à 11h12