Belkacem Zeghmati n’y est pas allé de main morte. Hier, dimanche 10 novembre, le ministre de la Justice algérienne a vivement critiqué la qualité de la formation des juges.
"Dites-moi comment peut-on former en trois ans 416 magistrats? Est-ce que cela est sérieux? Est-ce raisonnable? Et pouvez-vous me dire qu’en trois ans, on peut inculquer non seulement les connaissances du droit, les connaissances des lois mais tout ce qui va avec la mission de magistrat? C’est utopique", a déclaré le garde des Sceaux, lors de sa prise de parole devant les députés de l’Assemblée populaire nationale (APN).
Le ministre de la Justice ne s'est pas contenté de critiquer, il a aussi, par la même occasion, appelé à "revoir radicalement la formation de magistrat".
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"Dans les années 70 et au début des années 80, quand l’École nationale d’administration (ENA) formait des magistrats, il y avait 13 magistrats au maximum dans une section. L’État formait des magistrats de qualité. Aujourd’hui, on forme 500 magistrats en 3 années et on met entre leurs mains la vie des gens, leurs biens et leurs droits", a constaté Belkacem Zeghmati, qui dresse ainsi un tableau désastreux de l’appareil judiciaire algérien.
"Nous avons une amère expérience en la matière. La formation du juge ne doit pas porter uniquement sur les connaissances de droit. Le magistrat n’est pas un fonctionnaire ordinaire. Il met entre ses mains la liberté des citoyens, leurs droits et parfois même leur vie", a affirmé le ministre de la Justice.
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Les projecteurs des médias sont actuellement braqués sur Belkacem Zeghmati depuis plusieurs jours, en raison d'une grève tenue durant neuf jours (du 27 octobre au 6 novembre derniers), lancée par le syndicat national des magistrats (SNM), dans le but de contester les mutations de 2.998 magistrats, et de réclamer une amélioration de leurs conditions de travail et de vie.
Toutefois, ce qu’il convient de relever, c'est que si la justice algérienne se trouve actuellement dans un si piteux état, c’est avant tout par la volonté de l’ancien régime, celui du président déchu Abdelaziz Bouteflika, qui avait mis en place une justice aux ordres.
Or, depuis sa chute, et le renforcement des pouvoirs aux mains désormais d'un seul homme, le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah, rien n’a changé. Pire encore, le général exige désormais de la justice qu'elle lui obéisse au doigt et à l’œil.