Pour ce dernier mardi, jour habituel de manifestations anti-régime avec le vendredi, juste avant le scrutin présidentiel du jeudi 12 décembre, de véritables marées humaines se sont déversées dans les grandes villes algériennes: à Alger, Béjaia, Tizi-Ouzou, Bouira, etc., les étudiants et enseignants, rejoints par des membres de la société civile, des syndicats et de simples citoyens, ont défilé pour afficher leur opposition catégorique à ces présidentielles.
Au fur et à mesure que la date fatidique approche, la tension monte et la répression aussi. Le peuple crie haut et fort "Makache intikhabate maâ el ïssabat" ("Pas d’élection avec les gangs").
Et les premières journées de vote de la diaspora algérienne ont été une cuisante défaite pour le régime avec des bureaux de vote quasi-vides et de rares votants qui ont essuyé les insultes et les quolibets d'opposants au scrutin.
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Pour éviter un tel scénario, et face au boycott de l’élection par les maires de nombreuses villes, la destruction du matériel de vote et les appels lancées par les manifestants pour s’opposer au scrutin, le régime a durci le ton en emprisonnant de nombreux leaders de la contestation.
Les sorties menaçantes du général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah, chef d’Etat-major de l’armée et vice-ministre de la Défense, et les insultes des partisans de ce scrutin se sont multipliées au cours de ces derniers jours.
Le ministre de l’Intérieur n’a pas hésité à traiter ceux qui s’opposent à la présidentielle du 12 décembre de «traîtres», de «pervers», voire d'«homosexuels».
La Revue de l’Armée a fait de même en qualifiant de nouveaux «harkis» ceux qui s’opposent à ces présidentielles.
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Et pour couronner le tout, dans ses dernières sorties, Gaïd Salah a sévèrement mis en garde ceux qui tenteront de perturber le scrutin et a donné l’ordre à l’armée et aux forces de sécurité de prendre toutes les mesures pour garantir le bon déroulement du scrutin.
Face à cette situation, le Parti des Travailleurs (PT) de Louisa Hanoune a rendu public ce mardi 10 décembre un communiqué dans lequel il condamne la multiplication "des actes répressifs de la part des forces de sécurité contre les manifestations pacifiques de rejet du simulacre de scrutin prévu pour le 12 décembre".
C’est dire que la tension est à son maximum. Afin d’éviter des heurts entre manifestants et forces de l’ordre, 19 personnalités algériennes en phase avec les revendications du Mouvement populaire, dont Taleb Ibrahimi, Ali Yahia Abdenour et Ahmed Benbitour ont appelé le peuple algérien à ne pas entraver le déroulement du scrutin présidentiel du 12 décembre.
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Ces personnalités ont aussi demandé au régime d’éviter les discours provocateurs, les menaces et les accusations de traitrise, allusion directe aux dernières sorties de Gaïd Salah.
Cette sortie intervient après celle des partis politiques opposés à la présidentielle, qui ont, eux aussi, appelé à rejeter pacifiquement la présidentielle du 12 décembre prochain.
Voici la liste des signataires de l’appel au calme
– Ahmed Taleb Ibrahimi ;
– Ali Yahia Abdenour ;
– Ahmed Benbitour ;
– Ali BenMohamed ;
– Abdelaziz Rahabi ;
– Noureddine Issad ;
– Mustapha Bouchachi ;
– Arezki Ferad ;
– Hadi El-Hassani ;
– Nacer Djabi ;
– Louiza Ait Hamadouch ;
– Farida Ben Ferrak ;
– Abdelghani Badi ;
– El-Hadj Moussa Ben Amer ;
– Nacer Yahia ;
– Seif El Islam Ben Attia ;
– Meslem Baba Arbi ;
– Hachem Sassi ;
– Idris Cherif.