Le procès s'est ouvert en milieu de matinée à huis clos devant la Cour d'appel militaire de Blida, au sud d'Alger, selon plusieurs médias algériens. Les journalistes sur place sont tenus à l'écart du tribunal, bouclé par un imposant dispositif de sécurité.
Principal condamné, Saïd Bouteflika, 62 ans, conseiller spécial de son frère depuis l'élection de celui-ci à la présidence en 1999, avait vu son pouvoir se renforcer à mesure que déclinait la santé du chef de l'Etat, frappé par un AVC qui, en 2013, le laissa paralysé et aphasique.
Mais il est brusquement passé du statut de "président-bis" à celui d'accusé et ennemi de l'Etat après la démission forcée d'Abdelaziz Bouteflika en avril 2019 sous la pression du puissant mouvement antirégime ("Hirak").
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A ses côtés, se trouve le général Mohamed Lamine Mediene, dit "Toufik". Jusqu'à son limogeage, il a dirigé pendant 25 ans le tentaculaire Département du Renseignement et de la Sécurité (DRS), structurellement rattaché à l'armée, mais dans les faits véritable "Etat dans l'Etat".
Au faîte de son pouvoir, il était surnommé le "Dieu de l'Algérie".
Dans le box de la Cour d'appel, sont aussi présents dimanche le général Athmane "Bachir" Tartag, ex-bras droit de "Toufik", à qui il avait succédé en prenant la tête de la Coordination des Services de sécurité (CSS), structure ayant remplacé le DRS démantelé, et Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des Travailleurs (PT, trotskiste).
Incarcérés depuis le mois de mai, les quatre accusés ont fait appel de leur condamnation à 15 ans de prison pour complots contre l'autorité militaire et contre l'autorité de l'Etat.
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Le verdict avait été rendu le 25 septembre après un procès éclair à huis clos.
"Si le public avait eu accès à l'audience, il se serait aperçu (...) que l'affaire ne tient pas la route", a déclaré samedi à l'AFP Me Farouk Kessentini, avocat du général Mediene.
Les quatre ex-hauts responsables sont accusés de s'être réunis en mars 2019 pour mettre au point un "plan de déstabilisation" du haut commandement de l'armée qui demandait alors publiquement le départ du président Bouteflika pour sortir de la crise née du "Hirak", apparu le 22 février contre la perspective d'un cinquième mandat d'Abdelaziz Bouteflika.
Selon l'accusation, Saïd Bouteflika entendait s'appuyer sur les ex-patrons du renseignement pour limoger le chef d'état-major de l'armée, le général Ahmed Gaïd Salah, nommé en 2004 par Bouteflika et resté durant 15 ans un indéfectible soutien du chef de l'Etat.
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Le 2 avril, Abdelaziz Bouteflika avait finalement démissionné, sous la pression de la rue et quelques heures après un ultimatum de l'état-major.
Pour de nombreux observateurs, les quatre accusés sont les vaincus d'une longue lutte de pouvoir ayant opposé sous la présidence Bouteflika l'état-major de l'armée et le DRS.
"Le dossier est complètement vide", a assuré à l'AFP l'avocat de Saïd Bouteflika et du général Mediene, Me Miloud Brahimi, estimant notamment que les "chefs d'inculpation" n'étaient "pas du ressort du tribunal militaire".
Dimanche, des partisans de Mme Hanoune se sont rassemblés près du tribunal pour réclamer sa libération.
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Proche de "Toufik" et de la famille Bouteflika, Mme Hanoune reconnaît, selon sa défense, avoir rencontré Saïd Bouteflika, en présence de "Toufik" le 27 mars 2019, au lendemain d'un appel public du général Gaïd Salah au départ du pouvoir de M. Bouteflika. Mais elle nie tout complot.
Les jours suivants, Gaïd Salah avait publiquement dénoncé des "réunions" visant à "comploter" contre l'armée.