Vidéo. Algérie: vive colère d'Alger après des propos tenus sur France24 par un spécialiste en relations internationales

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Le 01/04/2020 à 10h10, mis à jour le 02/04/2020 à 08h36

VidéoL’ambassadeur de France a été convoqué par le ministre algérien des Affaires étrangères, qui lui a fait part de «vives protestations» d'Alger, et a dénoncé des "propos mensongers, haineux et diffamatoires", tenus par un chercheur en relations internationales au cours d'une émission sur France 24.

Sabri Boukadoum, ministre algérien des Affaires étrangères a convoqué hier, mardi 31 mars, Xavier Driencourt, ambassadeur de France en poste à Alger.

"L'ambassadeur de France en Algérie a été convoqué, ce jour, 31 mars 2020, par M. le ministre des Affaires étrangères, qui lui a fait part des vives protestations de l'Algérie suite aux propos mensongers, haineux et diffamatoires à l'égard de l'Algérie et de ses autorités tenus, tout récemment, sur un plateau d'une chaîne de télévision publique française", indique un communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères. 

Ce document indique que le ministre a demandé "à l’ambassadeur de France en Algérie de porter ces protestations aux plus hautes autorités de son pays, {et} a déploré que cette chaîne persiste dans son dénigrement systématique de l’Algérie au moment où tous les efforts doivent converger vers la lutte contre la pandémie du Covid-19".

Alger ne compte d'ailleurs pas se limiter à cette seule protestation d'ordre diplomatique .

Toujours selon ce communiqué du ministère des Affaires étrangères, l’ambassade d’Algérie à Paris a reçu des instructions "à l’effet d’intenter une action en justice contre cette chaîne de télévision et l’individu auteur des propos injurieux à l’égard de l’Algérie".

Cette vive réaction algérienne intervient après une polémique née à la suite de l'annonce d'une aide à la fois matérielle et consistant en un apport en compétences médicales et sanitaires de la part de Pékin à Alger, pour contribuer à lutter contre la propagation du coronavirus sur le territoire algérien, mais aussi, et surtout, par des propos tenus sur France 24, lundi 30 mars dernier, par Francis Ghilès, un chercheur français du Centre de Relations internationales de Barcelone.

Au cours d'une émission diffusée sur cette chaîne d'information en continu su service audiovisuel public français, ce spécialiste des relations internationales avait émis une comparaison entre la lutte contre le coronavirus qui a lieu en ce moment en Tunisie, et celles qui a actuellement cours en Algérie, avant d'évoquer l'aide chinoise accordée à Alger. 

Francis Ghilès a également déclaré, toujours au cours de cette émission, que «le matériel et les protections sanitaires reçus de Chine ont été conduits vers l’hôpital militaire de Aïn Naadja dès leur arrivée».

Cet hôpital se trouve être celui où sont soignés les chefs militaires, les dignitaires du régime et les hauts responsables politiques algériens, au cas où leur déplacement à l'étranger n'est pas possible. 

Sur France 24, Francis Ghilès a également expliqué que la grande mosquée d’Alger, dont la construction a été confiée au groupe chinois, CSCES, a "coûté 10 milliards de dollars" et a précisé que cette société chinoise, spécialisée dans les BTP, était à l'origine de l’aide médicale octroyée à l’Algérie par la Chine.

Ces déclarations émises par ce chercheur en relations internationales alimentent le vieux débat autour de la décision de la construction de la Grande mosquée d’Alger par l’ancien président Abdelaziz Bouteflika. Cet édifice avait été confié l'entreprise de BTP CSCES, dont Francis Ghilès révèle qu'elle est la généreuse donatrice de cette aide médicale, dont le coût est, à ce jour encore, un mystère pour les Algériens.

Ce chercheur en relations internationales a également, au cours de cette émission sur France 24, abordé la question de l'emprisonnement de Karim Tabbou, figure du mouvement de protestation sociale algérien, le Hirak, qui avait été libéré puis réincarcé, suite à des ordres "reçus d'en haut".

En somme, un grand déballage télévisé, de la part d'un spécialiste des relations internationales français, qui ne fait vraiment pas les affaires du régime en place en Algérie. 

Par Karim Zeidane
Le 01/04/2020 à 10h10, mis à jour le 02/04/2020 à 08h36