Vidéos. Algérie: les citoyens dénoncent la situation honteuse des hôpitaux

DR

Le 08/07/2020 à 14h14, mis à jour le 09/07/2020 à 16h32

VidéoUne courte vidéo publiée sur les réseaux sociaux et montrant la situation catastrophique dans laquelle se trouve l'hôpital de Biskra a mis le régime algérien dans tous ses états.

Les images sont insoutenables, honteuses et sont filmées au sein d'un hôpital de Biskra dans l'Algérie de ce mois de juillet 2020. Dans une vidéo publiée sur YouTube, on voit un personnel médical en blouse bleue accompagné par un homme qui filme la scène. 

La séquence est courte, mais elle montre un vieil homme mourant, abandonné à lui-même, à même le sol. Les 18 secondes d'images suffisent à montrer l'état catastrophique dans lequel se trouvent les structures sanitaires que beaucoup ont dénoncé. 

Evidemment, le régime algérien n'a pas aimé ce film d'horreur où la réalité dépasse de loin la fiction. Surtout que selon El Watan, des dizaines de jeunes de Biskra qui ont perdu plusieurs membres de leurs familles n'ont pas attendu cette vidéo pour sortir dénoncer cette situation catastrophique. 

Selon le quotidien algérien, ces jeunes s'insurgent contre "la situation déplorable, inacceptable et inhumaine, régnant depuis des jours au service dévolu à la prise en charge des malades du Covid-19 de l’hôpital Hakim Saadane de Biskra". 

De même, ils "réclament la destitution du directeur de la Santé accusé d’inertie et d’incompétence manifeste pour faire face à l’augmentation fulgurante du nombre de malades et des décès quotidiens provoqués par des défaillances techniques et des carences du staff médical, lequel est soumis à une charge de travail titanesque". 

Ce qui est à l'origine de la grogne des jeunes c'est l'état déplorable de l'hôpital de Biskra, mais aussi et surtout les décès à la chaîne qui ne se reflètent malheureusement pas dans les chiffres officiels. En effet, si les décès liés au Covid-19 en Algérie sont en moyenne de 7 à 9 par jour, depuis près de deux mois, la réalité vécue par les habitants est bien différente. Ils ont tous perdu récemment, un ami, un membre de la famille ou une connaissance proche. 

Evidemment, ces dénonciations ne sont pas du goût du gouvernement algérien qui cherche à les étouffer. 

Un enseignant universitaire originaire de cette ville du nord-est de l'Algérie, en l'occurrence Farès Cherfeddine Choukri, et qui dénonçait avec pédagogie la situation sanitaire catastrophique qui y prévaut, a finalement été arrêté. Il servira de bouc émissaire au régime qui veut faire taire ceux qui mettent le doigt sur les failles de la gestion de la crise sanitaire.

Un ordre est venu d'en haut pour faire arrêter Choukri, considéré désormais comme celui qui dérange. Depuis lundi 6 juillet, il est entre les mains des services de police qui l'ont placé en garde à vue, selon ses proches.

Selon la presse, notamment le site Algérie Part, "Farès Cherfeddine Choukri, est un homme instruit, enseignant universitaire et sociologue qui s’est illustré ces derniers jours avec son engagement sincère dans la lutte citoyenne pour l’amélioration de la prise en charge médicale des patients touchés par le Covid-19 à Biskra".

"Son arrestation est un nouveau dérapage autoritaire qui en dit long sur les intentions malsaines du pouvoir algérien à l’égard du peuple algérien", dénonce le même organe.

Il faut dire les vidéos qui dénonce la situation sanitaire ont tendance à se multiplier. Dans cette vidéo, un chroniqueur affirme que les Algériens sont obligés de se cotiser pour acheter de l'oxygène et des cercueils aux hôpitaux. En réalité, beaucoup estiment que le gouvernement les a abandonnés à leur triste sort. 

Par Ismail Traoré
Le 08/07/2020 à 14h14, mis à jour le 09/07/2020 à 16h32