Comme il fallait s’y attendre, les juges ont lourdement condamné, ce mercredi 9 septembre, l’homme d’affaires, ancien député du FLN et vice-président de l’Assemblée populaire nationale (ANP), Baha Eddine Tliba. Celui que les Algériens surnomment l’«Emir du Qatar d’Annaba» a été condamné à 8 ans de prison ferme et à une amende de 8 millions de dinars.
La justice algérienne a également ordonné la saisie de tous ses biens.
Les deux fils de Djamel ould Abbes, Skander et Wafi, jugés en même temps que l'homme d'affaires, ont également été condamnés. Si Skandar ould Abbes a écopé de la même peine que Tliba, Wafi ould Abbes a, quant à lui, été condamné par contumace, à 20 ans de prison ferme et un mandat d’arrêt international a été lancé à son encontre.
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Tous trois étaient poursuivis pour «financement occulte des listes électorales des législatives de 2017», «blanchiment d’argent dans le cadre d’une organisation criminelle» et «trafic d’influence pour l’obtention d’indus avantages».
Reste que si tout le monde s’attendait à ces lourdes condamnations qui touchent particulièrement le cercle des anciens proches du clan Bouteflika, les observateurs sont unanimement surpris que les graves révélations de l’ancien député du FLN soient passées sous silence. En effet, lors du procès, Tliba a expliqué au tribunal le fonctionnement des financements occultes de la campagne électorale de l’ex-président Bouteflika et des campagnes électorales du FLN.
Accusant directement l’ancien secrétaire général du FLN, il a expliqué: «Djamel ould Abbes m’a présenté un plan pour le financement de la campagne électorale. Et le prix de la candidature comme tête de liste FLN était fixé à 7 milliards de centimes».
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Ainsi, des listes étaient préparées et pour devenir députés, les postulants devaient verser des sommes colossales. Les têtes de liste aux législatives étant données aux plus offrants.
Sans démentir Tliba, le fils de l’ex-secrétaire général du FLN a souligné que les listes des candidats étaient établies par l’ancien Premier ministre Abdelmaleck Selllal.
Cette révélation gravissime montre comment les oligarques et autres hommes d’affaires ont fait main basse sur le Parlement algérien et comment celui-ci est devenu une caisse de résonance des désirs du clan Bouteflika.
Voilà qui ôte toute crédibilité au pouvoir législatif actuel. Raison pour laquelle la société civile et certains partis politiques réclament la dissolution de l’Assemblée populaire nationale (APN).
Une extrémité à laquelle le nouveau secrétaire du FLN Abou El Fadl Baâdji se refuse. En dépit de la loi incriminant la corruption et alors que l'Etat s’était engagé à «juguler le phénomène de l’achat de sièges aux Assemblées populaires élues», les autorités sont restées de marbre face aux révélations de Tliba.
Elles comptent en effet sur certains pontes pour faire passer des textes et des lois dans le sillage de la réforme constitutionnelle initiée par le président Abdelmadjid Tebboune.