Si l’issue du référendum d'amendement de la constitution en Algérie ne semble pas faire de doute, les voix discordantes du «Non» n’ayant pas eu droit au chapitre dans les médias pour faire campagne, une chose est sûre, l’enjeu principal de ce référendum reste son taux de participation.
A ce titre, on peut dire avec certitude que ce référendum sera marqué par un taux d’absentéisme très élevé, et ce, en dépit de toutes les mesures prises par les autorités en mobilisant les partis politiques traditionnelles (FLN, RND, etc.) ainsi que l’armée, en faveur du «Oui».
Parmi les changements apportés par le projet figurent, entre autres, la nomination d’un Premier ministre issu de la majorité, la limitation du nombre de mandats de député, la création d’un Cour constitutionnelle, la possibilité d’envoyer des éléments de l’Armée nationale populaire (ANP) pour les opérations de maintien de la paix à l’étranger.
Afin de faciliter le vote des citoyens, l’Autorité nationale indépendante des élections (Anie) a autorisé ce matin les électeurs à exercer leur droit électoral au référendum sur le projet d’amendement constitutionnel dans les bureaux de vote où ils sont inscrits en présentant uniquement leurs pièces d’identité (carte d’identité, permis de conduire ou passeport).
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Ainsi, à 11 heures ce dimanche, selon les données annoncées par Mohamed Charfi, président de l’Anie, le taux national de participation au référendum avait seulement atteint 5,88%., soit un total de 1,3 million d’électeurs sur plus de 24 millions d’Algériens appelés à s’exprimer ce dimanche sur le projet de révision constitutionnelle.
Cette moyenne cache des divergences énormes selon les régions et les villes.
Ainsi, à Béjaïa, l’une des régions en tête de la contestation populaire contre le système qui dirige l’Algérie depuis l’indépendance, où le taux de participation était seulement de 0,28% à 11 heures et qui ne devrait pas vraiment croître durant le reste de la journée.
Sur les 566.282 inscrits dans cette wilaya, seuls 1.610 électeurs avaient voté. De plus, plusieurs dizaines de manifestants sont sortis ce dimanche à Béjaïa pour exprimer leur refus du référendum constitutionnel.
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La révision constitutionnelle est l’un des projets phares du président Tebboune, élu le 12 décembre 2019.
Pour lui, cette nouvelle constitution répond aux revendications du mouvement de contestation populaire (le Hirak) à l’origine de la démission de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika.
Toutefois, toutes les figures du Hirak ont appelé au boycott de ce référendum, jugeant que le projet ne répondait pas aux aspirations du peuple algérien.
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De nombreuses personnalités algériennes ont elles aussi appelés au boycott du référendum du fait que celui-ci accorde d’importantes prérogatives au président. Quant aux islamistes algériens, ils avaient appelé majoritairement à voter «Non» à ce projet.
Rappelons que le projet de révision de la constitution sera adopté si le «Oui» l’emporte avec plus de 50% des suffrages exprimés, quel que soit le taux de participation.