Algérie: rentré précipitamment, Tebboune va devoir retourner en Allemagne pour se faire soigner

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune.

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune.. DR

Le 09/01/2021 à 12h18, mis à jour le 09/01/2021 à 12h20

Revue de presseLe président algérien Abdelmadjid Tebboune devrait retourner en Allemagne pour se faire soigner suite à une complication au niveau d'un pied, séquelle de sa contamination au Covid-19. Une situation qui illustre clairement que le retour du président était précipité. Les détails.

Selon le journal arabophone «El Khabar», citant des sources sûres, le président Abdelmadjid Tebboune devrait retourner en Allemagne dans les prochains jours. En effet, si le président algérien est déclaré guéri du Covid-19, il n’en porte pas moins des séquelles de la maladie. Selon le journal, le président «aurait eu une complication au pied, qui serait dû au Covid-19 qu’il a contracté, et devrait retourner en Allemagne pour se soigner ou pour subir un acte chirurgical simple».

Le fait est qu'à son retour d'Allemagne, dans la vidéo postée par les autorités, de nombreux internautes ont pu remarquer que le président Tebboune portait une attelle au pied.

«El Khabar» précise le président devrait suivre une thérapie et subir éventuellement une intervention chirurgicale, et ce afin d’éviter d’autres complications, dont une immobilisation. C’est dire que le président aurait logiquement dû poursuivre sa convalescence en Allemagne durant plusieurs semaines avant de rentrer. Au lieu de cela, Tebboune, âgé de 76 ans, prenait des risques énormes en rentrant le 29 décembre 2020 en Algérie.

Pourquoi ce retour précipité? D'abord, l’absence prolongée du président commençait à susciter l’inquiétude au sein de son entourage. En effet, après deux mois d’absence, plusieurs activistes et hommes politiques avaient demandé que l’incapacité du président Tebboune soit déclarée et qu’une transition démocratique soit mise en place. L’opposant Rachid Nekkaz avait ainsi adressé une lettre aux Algériens, soulignant que «Le président Tebboune est mort politiquement» et une autre figure emblématique du mouvement populaire Hirak avait demandé une transition politique pour tourner la page du système politique qui dirige l’Algérie actuellement.

En outre, les tractations au sommet de la hiérarchie militaire en l’absence du président, ayant abouti au retour de l’ancien ministre de la Défense Khaled Nezzar et par la suite à la libération du tout puissant ancien chef des renseignements algériens, Mohamed Lamine Mediène dit «Toufik», n’étaient pas rassurantes pour le président Tebboune. Ce retour des anciens caciques de l’appareil sécuritaro-militaire de ces trente dernières années pour suppléer les équipes dirigeantes actuelles se traduit par la poursuite de la «dégaïdisation» de l’appareil militaire et sécuritaire. Une situation explosive avec laquelle Tebboune doit dorénavant compter pour sa survie.

A cela s’ajoutent bien évidemment la nouvelle géopolitique au niveau de la région après l’ouverture du passage de El Guerguerat et surtout la reconnaissance de la marocanité du Sahara par la première puissance économique et militaire du monde, les Etats-Unis, et le rétablissement des relations entre Rabat et Israël. Autant d’événements qui hantent le sommeil de la grande muette algérienne qui a multiplié les alertes sur une menace étrangère.

Enfin, le président devait rentrer pour signer des dossiers urgents, dont la promulgation de la nouvelle Constitution et la nouvelle loi de Finances 2021 dont les délais impartis ont été largement dépassés.

Autant de facteurs qui ont poussé Tebboune à vouloir reprendre rapidement la main, bien que n’étant pas totalement rétabli. Il a d'ailleurs multiplié les réunions avec les responsables militaires et du gouvernement, n'hésitant pas à en blâmer certains au regard de la situation socio-économique intérieure et géopolitique régionale.

Par Karim Zeidane
Le 09/01/2021 à 12h18, mis à jour le 09/01/2021 à 12h20