Les islamo-conservateurs algériens apportent de l'eau au moulin du régime qui avait diabolisé les amazighs pour avoir simplement porté leur emblêmatique drapeau. En effet, beaucoup ont prodité de l'installation de la statue du pharaon amazigh Shashnaq 1er, pour remettre au goût du jour une fatwa d'un extrêmiste algérien prônant la suprématie de la culture arabe, en l'occurrence Mohamed Ali Ferkous.
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Ce leader salafiste notoire avait profité, l'année dernière, au moment où le régime algérien emprisonnait et humiliait des dizaines de militants kabyles qui avaient pris part aux manifestations du Hirak, de cette répression inouie contre le peuple amazigh pour diffuser sa fatwa. Il y déclarait haram la fête de Yennaner qui marque chaque année le début du nouvel an chez tous les amazighs d'Afrique du nord. Selon lui, il s'agit ni plus ni moins d'une fête païenne comparable à Noël ou à Pacques.
Or, ôter Yennayer du calendrier amazigh, c'est amputer le premier peuple d'Afrique du Nord de son histoire et de sa culture au profit de celle purement musulmane plus récente. De plus, pour beaucoup d'Amazighs, Yennayer c'est avant tout l'avènement du pharaon Shashnaq 1er qui avait réussi à prendre le pouvoir en 950 avant Jésus-Christ, marquant à juste titre le début du calendrier qui fête ce 12 janvier sa 2971e année.
C'est donc dans un contexte d'alliance inédite entre les islamistes radicaux avec le régime contre la culture kabyle en particulier et berbère en général qu'est installée la statue du pharaon Shashnaq, ce qui les enrage au plus haut point. En effet, sur les réseaux sociaux, la polémique enfle alimentée par les partisans de cet islamiste aux déclarations qui frisent le racisme anti-amazigh.
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Le régime algérien qui a pourtant adopté récemment une série de distpositions législatives pénalisant ce type de déclarations faites sur les réseaux sociaux n'a pas daigné lever le petit doigt contre les insulteurs en tous genres contre la culture amazighe. C'est parce que, d'une certaine manière, l'installation de cette statue qui réconcilie les kabyles avec leur glorieuse histoire trois fois millénaires, tétanise le régime algérien. En effet, la contribution de la Kabylie dans les manifestations du Hirak n'a pas échappé aux sécuritaires qui se passeraient bien de ce symbole fort de l'amazighité en plein coeur de Tizi Ouzou, ville d'où partent toutes les contestations de ce peuple représentant 25% de la population, mais marginalisé dans son propre pays.
En effet, le régime algérien a tout fait pour gommer l'identité forte des amazighophones, qu'ils soient Kabyles ou Touaregs, notamment en leur niant jusqu'en 2016 le droit de s'exprimer officiellement dans leur langue. La reconnaissance du tamazight en tant que langue officielle dans la Constitution de 2016 ne sera pas suivie d'actes concrets. Et quand ils ont voulu sortir de l'ombre en brandissant leur drapeau et les symboles de leur culture à partir de février 2019, ils en ont payé le prix. A ce jour, des dizaines d'Amazighs ont été déjà emprisonnés pour ce délit de port du drapeau inventé par le régime.