La situation est volcanique en Algérie. Après les manifestations du week-end dernier à Laghouat et à Jijel, c’est au tour d’Alger d’être le théâtre de graves troubles qui ont ciblé l’emblème de la rente du pays: le siège de la Sonatrach, l’entreprise étatique en charge de l’exploitation et de la commercialisation des hydrocarbures. Les supporters du club de football, MC Alger, ont déversé leur colère sur le symbole de la manne financière qui sert plus les caciques du régime et leurs proches que le peuple.
A quelques semaines du deuxième anniversaire du déclenchement de la contestation populaire, le 22 février 2019, la situation se corse en Algérie où la reprise du mouvement de contestation populaire est une quasi-certitude.
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Ce lundi 1er février 2021, les supporters du MC Alger ont déversé leur colère sur le siège même de la Sonatrach qui est pourtant le sponsor de l’équipe. Les scènes de chaos filmées sont partagées sur les réseaux sociaux à travers de nombreuses vidéos.
«Les supporters ont forcé la porte d’entrée, se sont introduits dans l’enceinte du bâtiment et détruit du mobilier du siège, comme le montrent clairement les dégâts matériels causés par les manifestants», lit-on dans les médias locaux.
En apparence, ce sont les mauvais résultats de l’équipe qui auraient provoqué la colère des supporters. Mais, en réalité, le mal est beaucoup plus profond. Depuis plusieurs semaines, une colère sourde en Algérie et le peuple n’en peut plus des prix des produits de large consommation qui ont connu une flambée inédite, des queues interminables pour espérer acheter une brique de lait (qui n’est même pas frais) ou encore les pâtes, le couscous et les légumes qui sont devenus hors de portée de larges pans de la société.
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La dévaluation volontaire du dinar par les autorités n’a pas arrangé les choses dans un pays qui n'exporte quasi-exclusivement que les hydrocarbures (98% des exportations algériennes) et importe presque tout. De telle sorte que même les rares produits qui sortent des manufactures algériennes, comportent de nombreuses composantes importées qui s’achètent désormais cher au regard du crash du dinar qui a perdu, en 2020, 20% de sa valeur face à l’euro. Et tout porte à croire qu’il perdra autant en 2021, voire davantage.
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Une monnaie faible dans un pays qui importe tout en devises assèche très vite le porte-monnaie des citoyens. Et c’est ce qui n’a pas raté. Si l’on ajoute à cela le chômage qui va croissant et le pouvoir tenu par des gérontocrates qui refusent de prendre leur retraite, nous avons tous les ingrédients pour une situation explosive.
Cette situation est aggravée par le numéro de passe-passe des généraux au pouvoir à l’adresse du Hirak. Ils ont remplacé Bouteflika par son ancien premier ministre Tebboune. Ils ont pris un nouveau pour réaliser un remake de l’ancien. Ironie du sort, même la maladie a été rééditée. L’actuel président assis finira probablement par se résoudre à un semblant de mobilité… à l’aide d’une chaise roulante. Ce qui va porter la dernière touche à la parfaite similitude entre Bouteflika et Tebboune.