C'est la troisième fois en un mois que des jihadistes sabotent des lignes à haute tension autour de la ville, plongeant dans le noir les trois millions d'habitants de la capitale de l'Etat de Borno, en proie depuis 2009 à une insurrection jihadiste. La région subit les attaques quasi quotidiennes des jihadistes de Boko Haram et du groupe Etat islamique en Afrique de l'Ouest (Iswap), que l'armée du pays le plus peuplé d'Afrique peine à contrer. Depuis le 26 janvier et le sabotage d'une ligne électrique en périphérie de Maiduguri par des éléments de l'Iswap, il n'y a plus d'électricité dans la ville, ont affirmé à l'AFP des habitants et des sources au sein de la compagnie électrique.
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Depuis cette date, Bukar Musa, un soudeur âgé de 27 ans, ne peut plus travailler. "Cela fait une semaine que la ville est privée d'électricité, j'ai dû me résoudre à travailler comme ouvrier dans la construction, mais ça ne suffit pas à nourrir ma famille", explique ce père de trois enfants.Habituellement, son atelier de soudure lui rapporte 5 euros par jour, mais depuis la coupure, il gagne à peine 3 euros. Et il utilise une partie de ce maigre revenu pour acheter des médicaments afin de calmer les douleurs provoquées par son nouveau travail. Cette coupure est aussi une catastrophe pour Grema Umar, un vendeur de blocs de glace, dont le stock a totalement fondu. "Je n'ai plus rien", se lamente-t-il désemparé. "Et même si l'électricité revenait, je devrais quand même trouver de l'argent pour racheter de la glace, et je ne sais pas comment", explique cet homme obligé de mendier pour survivre.
- Pénurie d'eau -
Même l'eau est devenue rare dans la ville qui dépend fortement des pompages nécessitant du courant électrique, en raison du coût élevé du diesel pour faire fonctionner les pompes, ont indiqué plusieurs habitants.De longues files d'attente sont apparues aux quelques pompes encore en activité grâce à des générateurs, où la population se presse avec des seaux et des jerrycans.
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"Le problème principal est la pénurie d'eau qui frappe la ville, qui la rend coûteuse", déclare à l'AFP Hajara Abdulkarim, une mère de cinq enfants. Le prix d'un bidon d'eau de 25 litres atteint 25 nairas (moins d'un euro), contre sept nairas auparavant, explique-t-elle. Maiduguri abrite également plusieurs camps de personnes déplacées par le conflit, qui ont dû fuir leurs maisons et dépendent presque exclusivement de l'aide humanitaire internationale pour survivre. Mais la coupure d'électricité n'a pas affecté les camps, alimentés en électricité par des installations solaires. La compagnie locale d'électricité a affirmé dans un communiqué qu'elle "travaillait à réparer la ligne électrique", sans donner plus de détail. Les groupes jihadistes présents dans la région ciblent fréquemment les infrastructures électriques et de télécommunicationsIls multiplient également les attaques meurtrières contre l'armée et contrôlent une partie des routes du nord-est, périlleuses pour les civils, y compris les employés de maintenance de la compagnie électrique.
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L'insurrection jihadiste qui a commencé en 2009 a fait au moins 36.000 morts et forcé plus de 2 millions de personnes à fuir leur domicile.Depuis la fin de l'année 2020, les attaques meurtrières se sont intensifiées dans la région, poussant le président Muhammadu Buhari à remplacer la semaine dernière les quatre principaux chefs de l'armée.