Fin mars, une jeune mère et sa fille âgée d'à peine 9 ans font partie des passagers d'une patera ayant fait naufrage aux larges des côtes de Parcheles, en Espagne. Appelées Mansouria Belmokhtar et Aya, elles sont mortes dans la nuit du samedi 27 au dimanche 28 mars, après avoir fui ce que le régime appelle "La Nouvelle Algérie".
L'Espagne et l'Algérie ont été sous le choc face à ce nouveau drame. Alger est surtout embarrassé par le désespoir de tout un peuple qui transparait à travers cette tragédie et face auquel le régime d'Abdelmadjid Tebboune montre toute l'incapacité à changer les choses, comme ce fut le cas dans "l'ancienne Algérie".
Les chiffres récents du drame de l'émigration clandestine sont assez éloquents. L'Algérie est le premier pays d'Afrique du Nord émetteur de migrants vers l'Espagne avec 11.200 "harragas", soit 27,23% du total. Il s'agit d'une augmentation de 239% par rapport à 2019, selon le quotidien ibérique El Español. Le pire c'est que ce nombre risque d'aller crescendo, devant la dégradation dontinue de la situation en Algérie. Quotidiennement, ce sont des dizaines d'Algériens qui tentent, depuis le début de l'année, de rallier les côtes espagnoles. Et avec le retour des beaux jours du printemps qui permettent de meilleures conditions de navigation, la tendance s'accélère.
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Pour ce drame «la plupart des naufragés se sont accrochés aux bidons d’essence du bateau pour ne pas se noyer. La mère et la fille étaient accrochées à un bidon qui perdait de l’essence qui a fini par brûler», indique El Español, qui a interrogé l’un des survivants de ce naufrage.
«Mansouria et Aya voyageaient pour retrouver le chef de famille en France: il a également risqué sa vie à bord d’un bateau et avait réussi à trouver un travail. Les proches de la mère et de la fille assurent qu’il était installé dans ce pays», rapporte toujours le média espagnol.
Des Mansouria et des Aya, il risque néanmoins d'en avoir des dizaines, tant que le pays est plongé dans la crise et que les dirigeants se montrent incapables de trouver des solutions viables et durables pour l'amélioration du niveau de vie des Algériens.
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Depuis une douzaine d'années, et à la suite de la baisse progressive des cours des hydrocarbures et du recul des quantités produites, la manne financière est en train de s'assécher. Les exportations qui frolaient les 79 milliards de dollars en 2008, ont régulièrement reculé pour n'être que de 20 milliards de dollars environ en 2020, soit au même niveau qu'au début des années 2000. Certes, l'année 2021 pourrait profiter d'une hausse des cours du pétrole, mais tout le monde s'accorde à dire que la situation confortable qu'a connue le pays entre 2005 et 2014 ne sera plus jamais de retour, alors que les dirigeants ont raté l'opportunité de diversifier l'économie.
Aujourd'hui, les facteurs qui font fuir les Algériens sont si nombreux que le phénomène migratoire ne fera que s'aggraver. Entre la crise sanitaire, le taux de chômage qui dépasse 16%, les pénuries de toutes sortes, l'instabilité politique, la répression d'un régime qui s'acharne contre les protestataires, peu de jeunes acceptent de rester au pays.