Dans l'affaire concernant l'adolescent violé par la police à Alger, le procureur de la république n'y va pas avec le dos de la cuillère dans ses accusations contre les activistes qui ont alerté l'opinion publique algérienne. Après ses déclarations visant à minimiser les sévices sexuels subis par le jeune Saïd Chetouane, le voici qui revient à la charge pour accuser les lanceurs d'alerte de tous les maux.
Hier jeudi 8 avril, suite à l'arrestation des cinq activistes qui ont amplement participé à dénoncer les actes graves commis par la police du régime algérien contre un adolescent à peine âgé de 15 ans. Le moins que l'on puisse dire, c'est que Mourad Sid Ahmed qui dirige le parquet n'a pas manqué d'audace.
Lire aussi : Viol d'un mineur dans un commissariat de police à Alger, la LAADH exige une enquête
Pour le site d'information Algérie Part, le pays "collectionne en ce moment les évènements surréalistes. Oui, surréalistes et absurdes comme cette sortie médiatique du Procureur général près la Cour d’Alger, Mourad Sid Ahmed, à propos de la fameuse affaire de l’enfant mineur Saïd Chetouane qui a scandalisé l’opinion publique algérienne. Au cours d’une très sérieuse conférence de presse, tenue ce jeudi en fin de journée par le Procureur Mourad Sid Ahmed, les Algériennes et Algériens ont assisté en direct à une flopée d’injures et d’invectives. A en croire le représentant de la justice algérienne, l’enfant mineur Saïd Chetouane serait drogué et toxicomane exploité par 6 activistes pédophiles, homosexuels, amateurs d’images pornographiques et consommateurs invétérés de stupéfiants".
Le représentant du ministère public ne s'est pas arrêté là. Il a sorti de sa besace une série d'accusations toutes aussi graves les unes que les autres contre ceux qui n'ont eu pour seul tort d'avoir dénoncé l'innommable. Ainsi, le "Procureur général près la Cour d’Alger est allé jusqu’à imputer à ces activistes ayant diffusé les images de l’enfant mineur Saïd Chetouane, en larmes après sa sortie d’un lugubre commissariat à Alger, des intentions politiques d’une extrême gravité", souligne la même source.
Il a ainsi cité les crimes ou délits de "Complot contre la sécurité de l’Etat, financements étrangers et occultes, affiliation à des réseaux de rebelles soutenus par des puissances étrangères, bref, la totale!", s'indigne toujours Algérie Part.
Lire aussi : Vidéos. Horreur et scandale en Algérie: un adolescent de 15 ans, manifestant du Hirak, violé par la police
Le plus étonnant c'est que "les accusations d’attouchements sexuels de Saïd Chetouane ont par magie disparu pour céder la place… à un scandale politique inédit. D’après le régime algérien, les 5 activistes du Hirak placés en détention ce jeudi par le tribunal de Sidi M’hamed, et le 6e qui serait toujours en état de fuite, sont des «terroristes» qui voulaient saper la stabilité du pays".
Il convient de rappeler qu'avant cette sortie malheureuse, le procureur avait balayé d’un revers de main les accusations de sévices sexuels, ce qui ne l’avait pourtant pas empêché de dire que Saïd Chetouane avait simplement été bousculé de derrière avec un talkie-walkie par un policier. En d’autres termes, tant qu’il n’y avait pas eu d’actes contre-nature et cela s’arrêtait à un appareil appliqué au postérieur du garçon, il n’y avait pas de quoi fouetter un chat.
Evidemment, il a, tout de suite, été démenti par le jeune garçon et sa mère qui ont tenu à témoigner dans une nouvelle vidéo dès le lendemain de cette sortie du ministère public. Ils ont ainsi pu rétablir les faits en brandissant un certificat médical confirmant les sévices sexuels contre Saïd Chetouane, lesquels sont aux yeux de la loi un acte de viol.