Répression, élections avec des taux d’abstention record, interdiction de manifestation, le régime algérien multiplie les signes d’une dictature absolue, justifiant son classement de «régime autoritaire» dans le dernier rapport du think tank britannique The Economist Intelligence Unit, filiale du groupe The Economist.
L’indice de The Economist Intelligence Unit a passé en revue 167 pays dans son rapport, sur la base de 5 familles de critères fondamentaux: processus électoral et pluralisme, libertés civiles, fonctionnement du gouvernement, participation politique et culture politique.
Et sur la base de chaque critère englobant des sous-indicateurs, chaque pays est classé dans 1 des 4 types de régimes: démocratie complète, démocratie imparfaite, régime hybride et régime autoritaire, en fonction de la note obtenue qui va de 0 à 10 points.
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Dans ce rapport, l’Algérie, qui a obtenu 2,5 points/10 en ce qui concerne le fonctionnement du gouvernement, 3,08 points pour ce qui est du processus électoral et le pluralisme et 3,82 points pour les libertés civiles, figure parmi les 57 régimes autoritaires et au 115e rang mondial, au côté de pays comme la Corée du Nord, la Syrie ou encore l’Iran. Elle est classée très loin derrière ses voisins du Maghreb que sont la Tunisie (54e mondial) et le Maroc (96e mondial).
Il faut dire que la situation démocratique ne cesse de se dégrader en ce qui concerne les 5 critères de l’indice du think tank londonien. A ce titre, au niveau du processus électoral, les dernières élections législatives ont accouché d'une Assemblée nationale qui ressemble, à s’y méprendre, aux chambres de l’ère Bouteflika, et même plus. Avec un taux de participation de moins de 23%, soit le taux de participation le plus bas de l’histoire du pays, le nouveau Parlement algérien ne jouit d’aucune légitimité. Le pouvoir exécutif s’appuie ainsi sur une Assemblée nationale dont les partis politiques qui y siègent (FLN, RND, MSP, etc.) sont discrédités. Quant aux autres partis, ils ont préféré le boycott, répondant ainsi au souhait du peuple qui a jugé que les conditions n'étaient pas réunies pour des élections transparentes, dénonçant la main-mise des militaires.
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En clair, le scrutin a été une véritable mascarade électorale et une fuite en avant d’un régime illégitime, dominé par un système politique opaque et élitiste dont le mouvement populaire exige le départ.
Ensuite, au niveau des libertés civiles, le régime de l’actuel président tend à dépasser ses prédécesseurs. Outre la répression contre le mouvement populaire qui s’est accentuée au cours de ces dernières semaines, on compte plusieurs centaines de détenus du Hirak. Cette répression, qui cible particulièrement les partisans de ce mouvement de contestation, n’épargne pas les hommes des médias dont nombre d'entre eux séjournent encore dans les geôles du régime.
Ce classement du think tank britannique, qui qualifie le régime d'autoritaire, ne fait que confirmer une réalité de plus en plus manifeste et décriée par tous.
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«Un nœud coulant étouffe peu à peu le désir de démocratie des Algériens, à la veille des élections législatives du samedi 12 juin, censées parachever la normalisation institutionnelle du pays. Une répression massive, disproportionnée, face à une mouvement non violent, a eu raison du Hirak, ce mouvement de rue populaire qui, après avoir obtenu le départ du président Abdelaziz Bouteflika en avril 2019, réclamait, comme d’ailleurs depuis l’indépendance en 1962, l’avènement d’un Etat authentiquement civil et non militaire», avait dénoncé un éditorial du quotidien français Le Monde à la veille de l’élection législative.
L’éditorialiste ajoutait que «le nouveau chef d’Etat confirme qu’il est, comme tous ses prédécesseurs, l’homme lige des militaires, qui exercent la réalité du pouvoir, en cherchant à étouffer par tous les moyens les revendications de transparence, d’ouverture et de libertés».
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Ainsi, après le départ forcé de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika grâce au Hirak, l’actuel chef de l'Etat, qui a profité du mouvement de protestation, avait promis le changement, à travers le slogan "l'Algérie Nouvelle". Toutefois, c’est la désillusion profonde pour les Algériens qui font face à une nette détérioration de la situation des droits de l’homme et des restrictions de leurs libertés. Le verrouillage du champ politique et les restrictions des libertés individuelles et publiques sont devenus une règle pour le régime en manque de reconnaissance.
En novembre 2020, la quasi-totalité des membres du Parlement européen (669 députés pour et seulement 3 contre) avaient condamné la répression des activistes des droits de l’homme et des journalistes et dénoncé le tour de vis sécuritaire sur les libertés, notamment le rétrécissement brutal de l’espace dévolu à la société civile, les arrestations politiques et la détention arbitraires des militants pacifiques du Hirak, les restrictions à la liberté d’expression, les cas de torture dans les commissariats et à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), etc.
Et selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), au moins 260 personnes sont actuellement incarcérées pour des faits en lien avec le Hirak et/ou les libertés individuelles.
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Face à cette situation, plus de 80 ONG algériennes et internationales ont récemment interpellé le Conseil des droits de l'Homme (CDH) de l'ONU à propos de "l'escalade répressive" des autorités algériennes et "la criminalisation incessante des libertés fondamentales".
Il faut donc s’attendre à ce que l’Algérie descende encore au fond de l’abîme dans les prochains rapports des institutions analysant l’évolution de la démocratie et des libertés dans le monde, comme celui de The Economist, du fait de l’aggravation de la situation des libertés dans le pays.