Autant, il est facile de mettre en branle la machine répressive pour étouffer le Hirak, autant il est impossible de faire taire la grogne sociale. Le régime algérien est en train de l'apprendre à ses dépens, avec un pays qui s'embrase littéralement, suite à l'éclatement d'une vague d'émeutes dans plusieurs localités.
A Ouargla, Ain Saleh, Relizane, Illizi, de vifs affrontements se sont produits entre les forces de l'ordre et les populations. Les autorités ont beau empêcher les manifestations politiques du Hirak à Alger et dans certaines régions du pays, le malaise social est en train de prendre le relais. Et la situation sociale est aujourd’hui explosive comme l'illustrent la multiplication des manifestations dans toutes les régions du pays, aussi bien à Alger que dans le sud du pays.
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Ainsi, dans le sud, Ouargla, une région pétrolière, est depuis quelques jours le théâtre d’une vague de protestation des chômeurs. Celle-ci ne cesse de prendre de l’ampleur et s’est étendue à plusieurs communes avoisinantes. Les manifestants réclament de l’emploi et un meilleur cadre de vie ainsi que des projets de développement pour leur région. Les forces de l'ordre ont été littéralement débordées. A Ouargla, les jeunes exigent quelque 7.000 postes directs avant toute négociation avec les autorités.
Les manifestations dans les villes du sud sont quasi-quotidiennes et virent souvent à l’émeute et à l’affrontement avec les forces de l’ordre.
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Ces manifestations reflètent le malaise des régions du Sud et soulèvent l’échec de la politique économique, de l’emploi, du développement et de l’équilibre entre les régions du pays. Les habitants de ces régions, qui abritent les réserves de pétrole et de gaz, dénoncent le fait d'être délaissés.
Toujours dans le Sud, dans la wilaya d’Illizi, des affrontements aussi violents qu'à Ouargla ont eu lieu entre manifestants et forces de l’ordre. Ici aussi, les jeunes manifestent pour dénoncer le fait que les autorités n’ont pas tenu leurs promesses. A cela s’ajoute le sentiment de ces populations que se sentent méprisées par le pouvoir central.
A Aïn Saleh, au sud de l’Algérie, ce sont des jeunes protestataires qui ont bloqué la route. Ils s'insurgent contre leurs conditions de vie. Cette région qui figure parmi les plus pauvres du pays n'offre aucune perspective pour la jeunesse.
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A Alger, c’est la pénurie d’eau qui continue à susciter la colère des habitants. Ainsi, durant la nuit du lundi 12 au mardi 13 juillet, les habitants d’Aïn Benian, de la wilaya d’Alger, ont coupé la route sur la côte ouest d’Alger pour protester contre la pénurie d’eau qui dure depuis plusieurs mois et qui devient de plus en difficile à supporter par les citoyens, dont certains sont privés de ce liquide vital depuis plusieurs jours. Depuis le 24 juin, l’eau est rationnée à Alger. Certains quartiers sont alimentés entre 8h00 et 14h00, quotidiennement, et d’autres entre 8h00 et 16h00 un jour sur deux, selon les communes.
Les manifestants ont barré la route et mis le feu à des pneus et autres objets au milieu de la chaussée, bloquant complètement la circulation.
Ces manifestations démontrent une fois de plus l’échec de la politique menée par le président Abdelmadjid Tebboune. La situation concerne toutes les régions du pays et les manifestations qui se généralisent dans le sud pourraient être l’étincelle qui mettra le feu à la bombe sociale.