Dans le grand sud algérien, les protestations sont quasi quotidiennes dans presque toutes les wilayas. Elles rythmes le quotidien des populations d’Ouargla, Illizi, Hassi-Messaoud, Touggourt, In Salah, Ghardaia, El Oued,… qui ne peuvent plus supporter ce qu’ils qualifient d’injustice du pouvoir central à leur égard.
Partout, les revendications sont les mêmes. Emploi, meilleures conditions de vie, projets de développement,… En clair, c’est la politique économique du pays qui est vouée aux gémonies par les manifestants de ces régions. S’il s’agit de revendications anciennes au niveau de ces régions, elles semblent prendre une nouvelle ampleur au cours de ces dernières années à cause de la grave crise financière que traverse l’Algérie et qui réduit la politique de redistribution de l’Etat et donc l’achat de la paix sociale à coup de milliards de dinars.
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Du coup, les chômeurs de ces régions désespérés et révoltés par la précarité qui les martyrise au quotidien battent le pavé pour exprimer leurs revendications en hurlant leur colère devant les sièges régionaux des sociétés pétrolières et en bloquant les routes interrompant totalement les trafics routiers. Une situation qui perturbe les flux de transport et l’activité économique.
Les heurts entre manifestants et forces anti-émeutes de la police et de la gendarmerie se multiplient dans de nombreuses communes des régions du Sud avec leurs lots de blessés, d’arrestations et de destruction de matériel urbain.
Ces manifestations ont pour origine le chômage endémique dans ces régions pourtant riches en hydrocarbures et autres ressources naturelles sur lesquelles repose l’économie algérienne, mais qui ne profitent nullement à ces régions.
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Dépourvues d’infrastructures et d’unités industrielles, ces régions sont totalement délaissées par le pouvoir central. Et les jeunes qui ne bénéficient pas de formations professionnelles adéquates ont du mal à être recrutés dans les unités pétro-gazières actives dans les régions du Sud.
Or, ce sont les seules unités qui existent dans ces régions et qui offrent des emplois sûrs et bien rémunérés. Partant, les jeunes des régions du Sud n’ont aucune perspective sur le marché du travail.
Du coup, un fort ressentiment d’injustice se développe chez ces jeunes qui acceptent mal que les principaux postes de travail reviennent à d’autres jeunes des autres régions du nord du pays. En clair, ils veulent que les postes de travail occupés par des Algériens des autres régions, notamment du nord du pays (Alger, Kabylie, Oran, Aurès,…), leurs reviennent.
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Ainsi, le problème devient inquiétant quand les jeunes de la région demandent à ce que les postes de travail dans les unités pétrolières reviennent en priorité aux habitants des régions où se situent les ressources pétrolières.
Cela d’autant plus que les populations de ces régions, malgré la misère et le délaissement des autorités centrales, n’ont jamais été traversés par des visés régionalistes. Or, c’est le sentiment qu'éprouve aujourd’hui la jeunesse de ces régions, qui pense que la richesse de son sol ne bénéficie qu’aux Algériens du nord. Et celà inquiète au plus haut niveau les autorités algériennes qui font face aux revendications régionalistes des kabyles et qui ne souhaitent pas qu’un autre front social d’envergure avec des revendications d’ordre régionale s’ouvre dans ce grand sud, surtout que tout semble indiquer que d’autres agglomérations pourraient rejoindre le mouvement de révolte dont Laghouat et Tamanrasset.
Et selon les informations remontées par les sources sécuritaires algériennes, il y a bel et bien un risque que la situation devienne ingérable si les autorités ne prennent pas de mesures adéquates en faveur des populations marginalisées de ces régions riches en hydrocarbures.
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Malheureusement, face à ces revendications, les autorités sont totalement désarmées se contentant de mesures d’apaisement avec des libérations de manifestants arrêtés afin de ne pas envenimer la situation sociale très tendue dans ces régions. A cause d’un modèle économique reposant uniquement sur la rente pétrolière, les autorités ont aujourd’hui toutes les difficultés à acheter la paix sociale à cause de la crise financière aiguë que traverse le pays.
L’Etat doit se pencher en urgence sur le développement des régions du Sud et ne pas continuer à acheter la paix sociale grâce à une simple politique de redistribution. Les régions du Sud ont besoin d’infrastructures routières, sanitaires,… mais aussi et surtout d’unités industrielles locales grâce au développement d’unités de sous-traitance au niveau de ces régions afin de créer des emplois durables. De plus, face au déclin pétrolier, l’Etat doit se pencher à la reconversion des économies de ces régions alors que le potentiel de leur développement est encore réel.