Après avoir joué au pyromane en mettant le feu entre les braves citoyens Algériens, voilà que le régime essaie de jouer au pompier pour essayer de mettre fin au climat de haine et de division. Un climat dont la malheureuse illustration est venue de Larbaâ Nath Irathen, sur les hauteurs de Tizi-Ouzou, où les populations ont lynché un pauvre jeune homme, Djamel Bensmaïl, venu leur apporter son assistance.
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Hier, jeudi 12 août 2021, dans la soirée, c'est-à-dire quatre jours après le début des incendies de fôret meurtiers qui ont fait 69 victimes selon le bilan officiel et deux jours après ce drame, Abdelmadjid Tebboune s'est adressé à ses compatriotes.
"Notre chère patrie, leur a-t-il dit, passe, encore une fois, par des circonstances rudes et tragiques du fait des feux dévastateurs déclenchés dans 17 wilayas du pays, notamment à Tizi Ouzou", avant de présenter ses condoléances aux familles des "civils et militaires" morts dans les feux de forêt. Le premier constat est que contraitrement à son tweet posté mardi soir, cette fois il rend hommage églement aux 41 civils décédés. Il n'avait eu cette délicate attention que pour les militaires, en signe d'allégeance aux généraux qui dirigent réellement le pays.
Autre tentative de correction du discours officiel qui a prévalu jusqu'ici, Tebboune estime que c'est la "canicule" qui est responsable des incendies. Mais il n'a pu s'mpêcher d'aller dans le sens du ministère de la Défense qui pointait une origine criminelle. Avec ce double langage, il rate une belle occasion d'appeler ses compatriotes au calme.
En effet, le Président algérien dit texto que ces incendies sont "provoqués probablement par la canicule qui prévaut dans la rive méditerranéenne, mais qui sont de manière générale d'origine criminelle". Pourtant, dans tout le pourtour Méditerranéen, les pays sont soumis aux feux de fôrets, mais nulle part ailleurs qu'en Algérie, on entend parler, avec autant d'insistance de la part des dirigeants, d'une origine criminelle. Ce n'est le cas ni en Grèce ni en Turquie ni au Portugal ni même en Tunisie voisine.
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Et Tebboune en veut pour preuve "des images terrifiantes" de ces incendies, qu'il a reçues et qui "ont pris le départ simultanément de Blida à Annaba, en passant par la wilaya de Tizi Ouzou, la plus touchée".
Il a affirmé aux Algériens avoir mobilisé des moyens matériels et humains ainsi que des engins de transport et d'extinction colossaux pour intervenir dans plusieurs wilayas. Par la suite, "l'attention a été focalisée sur la wilaya de Tizi Ouzou, les feux ayant atteint des reliefs habités, rudement accessibles", a-t-il précisé, mais en vain.
Dans son discours, le Président algérien n'a pas eu peur du ridicule puisqu'il a reconnu que c'est au moment où les feux sont partis qu'il a demandé à ses équipes de tout faire pour acheter des Canadairs.
Il dit avoir donné, dès les premiers départs de feux, des instructions au Premier ministre et même au niveau de la Présidence, à l'effet de "prendre attache avec tous les pays européens amis en vue de l'acquisition de Canadairs". Avant d'ajouter: "Nous savions que nos reliefs ne permettaient pas d'éteindre les flammes par des moyens traditionnels".
"Malheureusement, a-t-il dit, aucun pays n'a répondu à notre demande, tous les appareils européens étant déployés en Grèce et en Turquie, qui ont connu des feux de forêt dévastateurs".
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Outre cet aveu d'incompétence de ses équipes en matières de prospectives, il a préféré ignorer l'offre d'aide venue de son voisin marocain de mettre à la disposition de l'Algérie deux avions bombardiers d'eau, les fameux Canadairs. A la place, il insiste sur les efforts faits auprès d'autres pays européens pour obtenir de l'aide.
Aussi a-t-il rappelé que "l'Algérie a reçu, ce jour, deux avions en provenance de France". Il a également a fait état de l'affrètement de deux avions bombardiers d'eau en provenance d'Espagne et de l'arrivée dans trois jours d'un troisième appareil en provenance de la Suisse.
Enfin, le Président algérien a terminé son discours par des mises en garde, voire des menaces, tout en révélant que 22 individus présentés comme des pyromanes ont d'ores et déjà été interpellés grâce à des "citoyens honorables" qui ont soutenu "les services de sécurité" pour leur mettre la main dessus. Une ultime manière de pousser ses compatriotes à aller encore une fois à la chasse de pauvres inoncents qui, comme Djamel Bensaïd, pourraient y laisser la vie.
Mais rien d'étonnant en fin de compte. Peut-être sans le vouloir, ce discours soutient la barbarie récente qui annonce des temps sombres en Algérie où la junte au pouvoir récolte la haine de la division qu’elle a semée depuis le slogan «zéro Kabyle» défendu par gaid Salah et mis en œuvre par Wassini Bouazza, l'ancien directeur général de la sécurité intérieur (DGSI), aujourd'hui tombé en disgrâce après la mort de son mentor.