L’ambassadeur d’Algérie en France, Mohamed-Antar Daoud, est de retour à Paris. Une nouvelle qui a surpris tout le monde, vu que les relations entre les deux pays n’ont pas connu d’évolution positive, devant se traduire par un retour aussi rapide de l’ambassadeur algérien en France, après son rappel à Alger, suite aux propos tenus par le président français Emmanuel Macron à l’encontre du régime politico-militaire algérien, et l’interdiction notifiée par les autorités algériennes des vols des avions militaires français dans l’espace aérien du pays.
Le retour de Mohamed-Antar Daoud s’est fait dans la clandestinité, «la queue entre les jambes», commentent des internautes algériens, qui qualifient ce retour de «honte». Un retour en catimini qui frappe d’autant plus les esprits qu’il intervient au lendemain d'une sortie médiatique de ce même ambassadeur, exhortant la communauté algérienne en France à s’impliquer davantage dans la politique intérieure française, afin de l’influencer. Ces propos, malvenus dans un contexte de pré-campagne électorale à l’approche de la présidentielle française d’avril 2022, ont suscité une véritable levée de boucliers dans l’Hexagone, y compris de la part du Quai d’Orsay, car perçus comme une ingérence dans les affaires internes de la France.
En tout cas, l’ambassadeur algérien n’a pas hésité à prendre l’avion dans le plus grand secret et a atterri à Paris, avant de rejoindre Nice, et se diriger vers Monaco, pour y présenter ses lettres de créances, sachant que l’ambassadeur d’Algérie en France est aussi accrédité en tant qu’ambassadeur auprès de cette principauté et d'Andorre.
Quand bien même il serait admis que l’ambassadeur algérien ait réellement voulu présenter ses lettres de créance à Monaco et en Andorre, il existe plusieurs chemins qui conduisent à Nice, sans nécessairement passer par Paris. Mohamed-Antar Daoud aurait pu privilégier un vol via l’Italie par exemple.
D’ailleurs, présenter ses lettres de créances à Monaco a tout l’air d’un prétexte, car l’ambassadeur est, depuis, après ce bref détour par le Rocher, revenu à Paris, comme si de rien n’était. Une situation qui a sidéré l’opinion publique algérienne, une fois que l’information a été ébruitée.
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En effet, après la publication des propos du président français tenus le 30 septembre 2021, soulignant qu’après l’indépendance de l’Algérie «une rente mémorielle» s’était construite et entretenue par «le système politico-militaire», les autorités algériennes avaient violemment réagi.
Le 2 octobre, le président Abdelmadjid Tebboune avait pris la décision de rappeler «pour consultations» l’ambassadeur d’Algérie en France, en justifiant cette décision par une «situation particulièrement inadmissible engendrée par ces propos irresponsables», avant de fermer, le lendemain, l’espace aérien algérien aux avions militaires français.
Mieux encore, huit jours plus tard, le 10 octobre, le président Abdelmadjid Tebboune, devant plusieurs médias algériens, a clairement souligné que «le retour de notre ambassadeur à Paris est conditionné par le plein respect de la souveraineté, des institutions et du pouvoir algériens».
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Suivront les déclarations de l’ambassadeur algérien à Paris, demandant à la diaspora algérienne en France de s’impliquer davantage dans la politique française afin de l’influer en faveur d’Alger, soulignant qu’il était «inadmissible que l’Algérie, qui possède la plus grande communauté étrangère en France avec 18 consulats, ne puisse pas constituer un levier de commande pour intervenir non seulement dans la politique algérienne, mais (aussi) au niveau de la politique française».
C’est dans ce contexte précis que l’ambassadeur algérien a rejoint Paris, le lundi 18 octobre, par la petite porte. Loin des fanfaronnades du président algérien et des médias à la solde de la junte.