Après, la restriction des visas pour les ressortissants maghrébins qui a valu à l'ambassadeur de France à Alger d'être convoqué pour protestations officielles, ce nouvel épisode n'est pas pour arranger les choses. En effet, jeudi 30 septembre 2021, deux jours après la fameuse mesure, Emmanuel Macron a sorti la petite phrase qui a mis en colère le régime algérien.
L'objectif de cette réception était officiellement d'avoir un échange libre sur la "blessure mémorielle" de la guerre d’Algérie. Mais visiblement Emmanuel Macron est devenu récemment adepte d'un franc-parler peu diplomatique. D'abord avec le Mali dont il a critiqué le gouvernement "peu légitime" et à présent avec l'Algérie, dont les dirigeants sont presque traités de profiteurs.
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Le président français les a, en effet, accusés de profiter de la "rente mémorielle" depuis l'indépendance de l'Algérie acquise en 1962. Il a également assumé la mesure de restriction des visas qu'il affirme être clairement orientée vers les caciques du régime algérien.
Jamais les dirigeants algériens, si prompts à s'indigner, n'ont eu droit à une telle franchise de la part d'un chef d'Etat français.
Précisant clairement que le monde de l'entreprise et les étudiants ne sont pas concernés, Emmanuel Macron a affirmé: "On va plutôt ennuyer les gens qui sont dans le milieu dirigeant, qui avaient l’habitude de demander des visas facilement".
Comme si cela ne suffisait pas de tenir de tels propos devant les binationaux et les jeunes Algériens résidant en France, Macron en a rajouté. Selon lui, le régime d'Alger procède à la réécriture totale de l'histoire officielle "qui ne s'appuie par sur des vérités", mais sur "un discours qui repose sur une haine de la France". La nation algérienne post-1962, a-t-il dit, s'est bâtie sur "une rente mémorielle", entretenue par "le système politico-militaire".
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Pour contrer les inexactitudes mémorielles entretenues par régime algérien et portées par la Turquie, Macron a estimé urgent de lancer une production en arabe et tamazight d'ouvrages sur l'histoire des deux pays.
Depuis que ces propos ont été rendus publics, les apparatchiks algériens bouillonnent de colère. Le site d'information Tout sur l'Algérie rapporte avoir recueilli une première réaction auprès d'un des responsables algériens qui a qualifié ces propos d'"égarement impardonnable qui ne manquera pas de susciter une réaction officielle de vive condamnation au niveau approprié".
"Se poser, ingénument, des questions sur l’existence de la Nation algérienne pour justifier l’amnésie mémorielle de la France officielle est un égarement impardonnable qui ne restera pas sans conséquences", renchérit le même responsable qui tient une rhétorique très proche de celle de Amar Belani, le premier qui avait réagi à l'annonce de la limitation des visas.
Poursuivant sur le même ton, il qualifie également "d'égarement impardonnable" ce qu'il appelle "l’aveuglement qui consiste à imputer au système «politico-militaire» (sic) algérien une rente mémorielle pour mieux exonérer cette France officielle autiste, qui refuse de voir, en face, son terrible passé colonial, fait de meurtres, de viols et de spoliations, autant d’exactions qui relèvent de crimes contre l’humanité".
Toujours pour cette autorité algérienne visiblement courroucée, "Macron s’égare car il est littéralement obsédé par les prochaines échéances présidentielles et au lieu d’élever le débat, il se résigne à patauger dans la fange anti-algérienne pour ne pas se laisser distancer par les racistes du RN et de Génération Z. Il est pris dans la nasse de l’extrême droite".
Utilisant à son avantage des termes identiques à ceux du chef de l'Etat français, il grommelle que "la rente et le fonds de commerce anti-Algérie prospèrent, d’année en année, signe que c’est plutôt le système français qui est fatigué et qu’il est vain de chercher des justifications fumeuses de l’autre côté de la Méditerranée".