Algérie. Coupure d'internet et prison ferme pour fraude: drôle de baccalauréat

Des lycées algériens en salle d'examen.

Des lycées algériens en salle d'examen. . DR

Le 15/09/2020 à 14h08, mis à jour le 15/09/2020 à 14h13

Cette année, les sujets de discussion autour du baccalauréat en Algérie ne concernent ni la difficulté des épreuves ni les conditions dans lesquelles les candidats ont suivi les cours depuis le début de la pandémie de Covid-19. Explications.

Cette année, les candidats au Bac et les journaux ne parlent pas des difficultés de l'épreuve de mathématiques ou de philosophie, mais des condamnations à de lourdes peines de prison pour fuite des sujets et de la sempiternelle coupure d'internet. 

Concernant les peines de prison prononcées à l'encontre des tricheurs, le ministère algérien de la Justice les a officiellement annoncées, à travers un communiqué hier, lundi 14 septembre.

Trois ans de prison ferme pour deux individus à Hassi Bahbah, à 250 km au sud d'Alger dans la région de Djefa, 18 mois ferme pour un autre à Tébessa, 590 km à l'est d'Alger, ou encore 12 mois pour un quatrième à Aouinat, à près de 500 kilomètres de la capitale, vers la frontière avec la Tunisie. Pratiquement, partout sur le territoire algérien, il y a eu des fuites des épreuves du Bac et la justice a décidé d'avoir la main lourde, avec des peines de prison et de fortes amendes, allant de 50.000 à 500.000 dinars. Au total, pas moins d'une dizaine de personnes sont passées à la trappe.

Le fait que le ministère de la Justice décide de diffuser un communiqué détaillé de ces condamnations montre que les autorités sont décidées à mettre fin à une pratique de fraude bien ancrée dans le pays.

"Les investigations sont en cours pour élucider de nombreuses affaires similaires dont les auteurs ont été identifiés", précise ledit communiqué qui assure que les autorités en charge de lutter contre la cybercriminalité sont sur le pied de guerre pour traquer d'éventuels contrevenants à la loi.

C'est également pour lutter contre la triche, mais cette fois a posteriori, que cette année encore, l'internet a été coupé, notamment pendant les heures où se déroulent les épreuves du baccalauréat, et ce depuis le dimanche 13 septembre. Evidemment, c'est une situation qui handicape tout le pays, puisque l'internet est devenu l'outil de travail de centaines d'entreprises. Cette coupure leur occasionne par conséquent un sérieux manque à gagner.

"Bloquer des pans entiers d’activité pendant cinq jours a un prix économique élevé. De surcroît, en cette année particulière qui a vu de nombreuses entreprises verser dans le télétravail pour cause de crise sanitaire de Covid-19", écrit le site d'information Tout sur l'Algérie (TSA).

Certes compte tenu du retard de l'Algérie en matière de nouvelles technologies, l'impact reste relativement faible. Néanmoins, souligne le même média, "les sociétés sont de plus en nombreuses à faire des services en ligne leur cœur de métier (sites de vente et services de taxi en ligne notamment)". Alors, "Que devront-elles faire pendant ces cinq jours?", s'interroge TSA.

Mais, le Bac cette année est également marqué par un triste fait divers qui s'est déroulé à Tamanrasset, dans le sud, vers la frontière avec le Niger. Ainsi deux soeurs qui étaient arrivées en léger retard à l'examen ont été purement et simplement exclues, ce qui est synonyme d'ajournement jusqu'à l'année prochaine. Une sanction que l'opinion publique algérienne estime injuste, voire inacceptable, mais que les autorités n'ont pas voulu corriger.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 15/09/2020 à 14h08, mis à jour le 15/09/2020 à 14h13