Vidéo. Covid-19 en Algérie: "l'orage arrive", selon une médecin et le pays n'a pas de plan B

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Le 19/07/2021 à 13h24, mis à jour le 19/07/2021 à 13h27

VidéoLe corps médical algérien tire la sonnette d'alarme face à une troisième vague caractérisée par une contagiosité plus forte et une mortalité nettement plus élevée. Les structures de santé publiques sont débordées, et les médecins supplient les cliniques privées d'être solidaires.

Alors que les autorités sanitaires continuent d'être dans le déni, les professionnels de la santé, quant à eux, préfèrent mettre l'accent sur la sensibilisation concernant la troisième vague. En moins de deux semaines, les cas officiels ont triplé, passant de 400 nouveaux cas quotidiens au début du mois de juillet à plus de 1200 aujourd'hui.

Dans un pays qui a choisi de ne pas faire suffisamment de tests RT-PCR pour diagnostiquer le Covid-19, les chiffres officiels sont loin de montrer la réalité, mais leur évolution peut renvoyer à la tendance haussière. C'est ce qui semble être le cas avec les alertes récentes venant du corps médical, mais également de la presse.

"Cette flambée, écrit le site d'information Tout sur l'Algérie, fait craindre le pire aux soignants qui se mobilisent pour sensibiliser et alerter la population et les autorités sur la gravité de la situation". L'article évoque notamment la vidéo publiée dans les réseaux sociaux par le docteur Aouidat, une médecin de l'établissement public hospitalier (EPH) d'El Affroun dans la wilaya de Blida.

Selon cette dernière, qui qualifie la "situation" de "gravissime", la troisième vague est beaucoup plus virulente que les deux précédentes. "On ne va pas rester à compter nos morts", dit-elle dans un ton des plus alarmistes, alors que sa collègue qui immortalise ce message avec son téléphone ajoute sur un ton alarmiste: "elle va nous engloutir".

Pour Dr Aouidat, le variant delta du nouveau coronavirus est beaucoup plus agressif que la souche initiale, car "les malades sont tous oxygénodépendants", mais aussi et surtout "on est complètement dépassés au niveau des structures de base".

En plus plus de causer une maladie plus sévère, ce variant indien est beaucoup plus contagieux, alors que les Algériens ne respectent plus les mesures sanitaires. Si autant de personnes sont contaminées c'est "à cause des fêtes de mariage et autres cérémonies".

Sa conclusion est sans appel: si rien n'est fait, "dans quelques jours, le pays se dirige tout droit dans un mur". Elle demande alors au autorités d'envisager le pire, en mettant en place un plan B, et même un plan C pour anticiper l'évolution certaine de la pandémie. Elle laisse ainsi entendre que cette troisième vague fera beaucoup de victimes. "Je ne doute pas de leur bonne volonté (celle des autorités), mais là, il faut voir loin, il faut anticiper!" dit-elle dans une ultime mise en garde.

Si elle met autant d'énergie dans son message, c'est parce qu' "aujourd’hui, les malades ne trouvent plus de places dans les hôpitaux". Elle "propose de faire appel au privé" car, "on est en état de guerre" et "les malades sont en train de mourir". Vu la gravité de la situation, la solution, consiste, selon elle, à "réquisitionner les cliniques privées (qui) ont des services de réanimation et des sources d’oxygène pour aider" les structures publiques débordées.

Aux propriétaires de cliniques privées, elle demande de faire "comme si c’était (leurs) parents qui sont dans le besoin". Et d'ajouter: "On a besoin d’être aidés, car le système de santé de base est dépassé".

Enfin, elle demande que les autorités réinstaurent l'Etat d'urgence avec un vrai confinement et non un simple couvre-feu de "minuit à quatre heures du matin" et que des hôpitaux de campagne soient installés le plus urgemment possible. Et si ce n'est pas fait, que les citoyens eux-mêmes prennent leur responsabilité de s'isoler autant que faire se peut.

En effet, toujours selon Dr Aouidat, "si l’orage arrive et vous entraîne avec lui, c’en est fini pour vous", "le système de santé va être noyé. Celui qui n’est pas infecté, qu’il reste chez lui et prenne ses précautions. Pour ceux qui tombent malades, j’espère que l’Etat va trouver un plan B", dit-elle.

En réalité, si la situation est aussi grave en Algérie, comme dans la Tunisie voisine, c'est parce que ces deux pays n'ont pas suffisamment vacciné leurs populations respectives. Encore aujourd'hui, moins de 1,25 million d'Algériens auraient été vaccinés en deux doses, alors que le pays compte 44 millions d'habitants, soit un taux de vaccination global d'à peine 2,8%. On est donc très loin des 70% qui constitue le seuil que l'Organisation mondiale de la santé considère pouvant offrir une immunité collective.

En tout cas, l'urgence de la situation montre bien que les autorités algériennes sont dépassées par la pandémie et que les trois mesures préconisées la semaine dernière par le président Abdelmadjid Tebboune n'ont eu aucun effet, ni préventif ni curatif.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 19/07/2021 à 13h24, mis à jour le 19/07/2021 à 13h27