Algérie: "45 médecins décédés en un mois"

Exposés et sans matériel de protection, les médecins algériens paient un lourd tribut à la pandémie du Covid-19.

Exposés et sans matériel de protection, les médecins algériens paient un lourd tribut à la pandémie du Covid-19. . DR

Le 04/08/2021 à 17h36, mis à jour le 04/08/2021 à 17h39

Selon le Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), quelque 45 médecins auraient perdu la vie depuis début juillet 2021. Son président tire la sonnette d'alarme, une énième fois.

En Algérie, les professionnels de santé paient un lourd tribut à la pandémie de Covid-19, avec la flambée des cas, mais surtout le nombre de décès parmi les médecins. La situation s'est nettement aggravée chez les front-liners ces dernières semaines, avec une troisième vague particulièrement mortelle.

"Depuis début juillet, jusqu’à ce jour, mercredi 4 août, nous comptabilisons 45 décès parmi le personnel soignant. Ce matin encore, nous avons été informés du décès de trois confrères, deux médecins dans le secteur privé et un professeur dans le secteur public", déplore le Dr Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), interrogé par la presse locale.

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Les raisons de cette déplorable situation sont multiples selon lui, notamment la saturation des établissements de soins qui rend difficile, voire impossible, la mise en place de mesures sanitaires.

Selon lui, "le nombre de malades reçus dans les structures de santé est très important, que ce soit au niveau des consultations, ou au niveau des points de garde, des hospitalisations, ou des réanimations. Le personnel soignant est donc plus exposé, et est contaminé à ces occasions". Or, le personnel soignant manque cruellement de moyens de protection, affirme-t-il. "Beaucoup d’établissements de santé souffrent et ont des stocks à zéro", explique encore le praticien.

De plus, l'afflux ininterrompu de malades exténue les médecins qui souffrent d'une "fatigue générale" et sont à "bout de souffle", estime le syndicaliste qui n'a de cesse d'attirer l'attention des autorités sur les risques encourus par ses collègues. Car, "lorsque que l’on est dans un état psychologique et physique affaibli, il peut y avoir des moments d’inattention où l’on commet des erreurs dans l’utilisation des moyens de protection", explique-t-il.Il réclame ainsi des "moyens de protection à la disposition des professionnels de la santé", alors que visiblement, la plupart des hôpitaux n'en offrent que très peu.

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L'autre facteur qui explique le nombre de décès élevé dans le corps médical, c'est le "rapport avec le circuit de prise en charge". "En ce qui concerne l’organisation de l’offre de soins, nous n’avons pas identifié un circuit propre au Covid-19. Nous n’avons pas réquisitionné des établissements qui ne font que le Covid-19 à 100%. A ce niveau-là, nous avons donc favorisé le contact entre professionnels, et de cette manière, la contamination interprofessionnelle", regrette-t-il à nouveau.

Il appelle encore une fois le ministère algérien de la Santé et les hôpitaux qu'il a sous sa tutelle, mais également les établissements privés, à "corriger certains points, au niveau de l’organisation de l’offre de soins". Le Dr Merabet estime qu'il est crucial de "mettre les moyens de protection à la disposition des professionnels de santé. Il faut un suivi psychologique et médical, chose que l’on n’a pas assurée jusqu’à présent. Il faut un dépistage pour essayer de détecter rapidement les professionnels contaminés et les soustraire des groupes, afin de casser la chaîne de transmission, et surtout de les prémunir des complications de la maladie".

Aujourd'hui, quelque 262 médecins algériens ont perdu la vie depuis le début de la pandémie, faisant du corps médical de ce pays l'un des plus touchés. Car en plus de ces 262 médecins, près 200 autres agents des hôpitaux ont aussi perdu la vie à cause de la pandémie.

Par Djamel Boutebour
Le 04/08/2021 à 17h36, mis à jour le 04/08/2021 à 17h39