Au moins 71 personnes ont péri depuis lundi dans ces incendies avivés par la chaleur extrême, selon le dernier bilan des autorités qui dénoncent une origine "criminelle".
Après avoir annoncé "l'extinction ce matin de tous les feux de forêts déclenchés à Tizi Ouzou", la Protection civile a toutefois fait état de "cinq départs de feu" dans cette wilaya (préfecture).
Pompiers et volontaires continuent de lutter contre 35 feux dans 11 autres préfectures, notamment à Jijel, Bejaïa et Boumerdès, selon le dernier bilan de la Protection civile.
Au total, 76 incendies ont été éteints - sur une centaine recensés jeudi - à travers 15 préfectures du pays.
Face au drame, les manifestations de solidarité se déploient sur le terrain et de tout le pays. Les appels à l'aide se multiplient dans la société civile, en Algérie et au-delà.
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Deux bombardiers d'eau français sont intervenus jeudi en Kabylie et trois autres sont attendus vendredi en provenance d'Espagne et de Suisse, selon le président algérien, Abdelmadjid Tebboune.
Au deuxième jour du deuil national décrété pour honorer les victimes, une prière de l'absent a été accomplie juste après la grande prière hebdomadaire musulmane du vendredi dans les mosquées d'Algérie.
"A Larbaa Nath Irathen, épicentre des incendies en Kaylie, les experts n'ont réussi à identifier que 19 corps sur 25", déclare à l'AFP Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme( LADDH).
"Les familles cherchent les leurs, cela rajoute de la peine à la peine", souligne-t-il.
Le bilan risque de s'alourdir, car "il y a aussi des disparus", témoigne par téléphone Djamel, un habitant du village.
"Gouverner c'est prévoir"
Située sur des hauteurs, la commune de Larbaa Nath Irathen regroupe une vingtaine de villages qui vivent essentiellement de l'arboriculture de montagne. Les feux ont tout détruit.
"C'est horrible, il n'y a pas d'autres mots", s'insurge Djamel, un retraité, qui regrette le manque de préparation des autorités alors que les incendies sont récurrents.
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Résultat: des villages totalement évacués, des maisons brûlées, des cheptels carbonisés. Partout des scènes de chaos et de désolation.
"Gouverner c'est prévoir. Sauf chez nous où on agit à chaque fois après la catastrophe quand le mal est fait", s'insurge le sexagénaire.
Venu à Alger mettre à l'abri sa famille avant de repartir pour aider sur le terrain, Mohand peine à raconter l'horreur: "Je n'ai jamais vu cela de ma vie. Des familles ont tout perdu. Absolument tout".
"Je sens encore l'odeur de la chair calcinée. C'est insupportable. Elle ne veut pas partir", confie-t-il, la gorge nouée.
Plusieurs communes de la région de Tizi Ouzou sont sans électricité, ni gaz et téléphone.
De nombreuses pompes à essence sont fermées après l'explosion d'une station-service à Aïn El Hammam qui a causé la mort de cinq membres d'une même famille qui étaient à bord de leur voiture.
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Autre crainte exprimée par des villageois: le risque de recrudescence des cas de Covid-19. Dans la lutte contre les brasiers, les gestes barrière ne sauraient être respectés.
L'arrivée des bombardiers d'eau, jeudi, a néanmoins "soulagé la population", selon différents témoignages.
Pays le plus étendu d'Afrique, l'Algérie ne compte que 4,1 millions de hectares de forêts, avec un maigre taux de reboisement de 1,76%.
Chaque année, le nord du pays est touché par des feux de forêt. En 2020, près de 44.000 hectares de taillis sont partis en fumée.
Les incendies qui se multiplient à travers le globe sont associés à divers phénomènes anticipés par les scientifiques en raison du réchauffement de la planète.