La fin de l'année à Libreville rime décidément bien avec la floraison des business de fêtes. Parmi les service les plus sollicités, il y a bien celui de l'art dans toute sa dimension. La technique de peinture à fresques ne pouvant s’exécuter sans une phase de préparation artistique aboutie. Une réalité que Charles Eneme comprend parfaitement.
Pour lui, «tout part donc d'un projet qu'il faut adapter à l'environnement et à la commande du client».
Dans cet établissement qui donne sur une piscine à l'extérieur, le jeune homme a imaginé un fond de mer avec ses richesses pour convoquer la conscience collective sur l'urgence de préserver ce qui peut l'être d'une biodiversité menacée à travers son pays.
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«Le fond de mer regorge de plusieurs espèces dont certaines sont en voie de disparition: Il s'agit par exemple des dauphins, les tortues et de certaines fleurs aquatiques que j'ai tenu à faire ressortir. Ceci pour dire que que même dans l'eau, la vie est un combat. Vous allez voir que certaines espèces sont en chasse et poursuivent les plus petites d'entre elles pour les manger», s'alarme Charles Eneme.
Il se définit d'ailleurs comme un artiste humaniste qui invite le visiteur sur son site de travail à une belle rencontre entre l'art et l'environnement.
«Cette représentation du milieu aquatique qui exalte la beauté du milieu doit inciter aussi l'homme à le sauvegarder. Car toutes ces espèces sont utiles à l'environnement», affirme-t-il.
Sous d'autres cieux, les chiffres du marché de l’art contemporain donnent le tournis. Les sommes atteignent des niveaux stratosphériques. Sauf que seuls les artististes considérés comme les vedettes ou ceux qui bénéficient d'une grande médiatisation en profitent.
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Il faut avoir la vocation bien chevillée au corps pour en faire son métier, et donc son gagne-pain. Depuis ses débuts, Charles Eneme n'a jamais fait de l'argent un objectif professionnel.
«C'est d'abord le travail qui m'intéresse avant de penser à l'argent. Car je suis un passionné de l'art. Mais s'il faut évaluer tout ceci en terme d'argent, une fresque comme celle ci vaut en réalité sept cent mille francs cfa (700 000 frs cfa). Il arrive que je parvienne à un arrangement avec celui qui me sollicite. Parce que, pour moi, il faut aussi fidéliser la clientèle», déclare-t-il modestement.
Charles Eneme, alias le Bantou, de son nom d'artiste s'est établi à son propre compte. Il avoue vivre de son art, sauf que depuis l'arrivée du coronavirus son corps de métier souffre de la grippe. Pour arrondir ses fins de mois, il s'est lancé dans l'enseignement de l'art plastique dans plusieurs établissements privés de Libreville.