Après l’épisode de la crise de gouvernance de 2013-2014, Ecobank, la banque panafricaine du groupe Ecobank transnational incorporate (ETI), dont le siège social se trouve à Lomé (Togo), traverse une période difficile qui risque de se traduire par une restructuration de son capital social.
En effet, la banque panafricaine, qui jouit du plus large réseau d’implantation au niveau du continent, avec une présence dans 36 pays, n’affiche plus de bonnes performances depuis deux ans. Ainsi, après une chute de 81% de son résultat net en 2015 à 66 millions de dollars, le groupe a affiché un déficit de 80,78 millions de dollars en 2016.
Et pour le premier trimestre de l’année en cours, le résultat net a reculé de 25% par rapport à la même période de l’année dernière à 61 millions de dollars.
Pour le management, cette situation s’explique en grande partie par la forte dépréciation du naira (monnaie du Nigeria) par rapport au dollar, suite à la décision des autorités monétaires nigérianes de laisser flotter leur monnaie par rapport au billet vert. Or, le Nigeria pèse environ 40% des revenus de la banque panafricaine. Et du coup, l’impact sur le bénéfice global du groupe est direct.
Seulement, cette justification ne peut expliquer le déficit enregistré en 2016.
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Cette situation trouve surtout son origine au niveau de son endettement. En effet, les créances du groupe se situent à 864 millions de dollars, en hausse de 62% par rapport à 2015. Le groupe a transféré 780 millions de dollars de créances brutes à une entité de défaisance dénommée Resolution Vehicule.
Face à ce niveau d’endettement important, le groupe ETI a provisionné 723 millions de dollars dans ses comptes audités de l‘exercice 2016. A noter que 400 millions de dollars de ces créances provisionnées sont considérés comme perdus.
Ce sont ces provisions qui ont surtout pesé et qui pèseront encore sur les résultats de la banque dans les années à venir.
Une situation qui ne fait pas le bonheur de certains actionnaires.
Conséquence de cette situation financière difficile, le conseil d’administration de la banque a décidé de ne pas distribuer de dividendes au titre de l’exercice 2016, souhaitant conserver son cash pour faire face à cette situation.
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Le remède pour la dépasser est rapidement trouvé. Il faut renflouer la banque avec du cash. Du coup, l’Assemblée générale annuelle et l’Assemblée générale extraordinaire de la banque, réunies le 16 juin dernier, ont approuvé l’emprunt obligataire de convertible de 400 millions de dollars dont la moitié servira à faire face à la dette colossale de la banque.
L'emprunt étant ouvert aux actionnaires, certains pensent que cette opération pourrait influer sur le contrôle de la banque. Certains actionnaires, notamment la banque sud-africaine Nedbank et la Qatarie Qatar national bank (QNB) qui contrôlent respectivement 21% et 20% du capital d’Ecobank, pourraient être tentés par cet emprunt obligataire pour accroître leur contrôle de l’institution panafricaine. D’ailleurs, le groupe qatari n’a jamais caché son souhait de prendre le contrôle de la banque panafricaine et ce ne sont pas les moyens financiers qui lui font défaut.
Du coup, la bataille pour le contrôle d’Ecobank risque d’être relancée par cet emprunt obligataire convertible. D'autant que certains actionnaires minoritaires, qui détiennent plus de 30% du capital de la banque, échaudés par ces crises et ce niveau d’endettement dans un environnement régional pas trop favorable (morosité de l’économie nigériane, croissance en berne de la zone CEMAC, concurrence acharnée des autres groupes bancaires, etc.) pourraient ne pas suivre l’opération.