«Préparez la monnaie», «Avertir en cas de billet», etc. Ce sont là les écriteaux et les affiches devenus fréquents dans certains commerces et taxis notamment. Des injonctions préparées par les commerçants afin de prévenir des tensions qui pourraient naître avec des clients pour un éventuel appoint à rendre.
«Le coût de la course est de 250 francs CFA. Cependant, il est très rare que les clients aient cette somme en petite monnaie, surtout en fin de mois lors de la période des salaires où tout le monde a au moins un billet de 500 francs ou 1000 francs CFA. Or, de notre côté, trouvez ces pièces est devenu difficile. Nous sommes parfois obligés de refuser des clients, tout simplement parce qu'ils n'ont pas de monnaie», confie Girard Mpon, transporteur à Yaoundé, la capitale.
Conscients de cette pénurie, certains opportunistes y ont trouvé le moyen de développer un petit business en revendant les pièces de monnaie qu'ils collectent auprès des petits commerçants, entre autres. Le taux étant généralement de 100 francs CFA à payer pour de la monnaie de 1.000 francs CFA.
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«Auparavant, on pouvait facilement faire de la monnaie auprès des stations-services. Aujourd'hui, c'est devenu presque impossible. Soit parce qu'elles n'en ont plus comme avant, soit parce que les pompistes eux-mêmes les revendent», se lamente Girard Mpon. Même dans les commerces, il n'est plus rare de voir les caissières obliger des clients à remettre un produit en rayon, faute de monnaie. A moins que celui-ci consente à abandonner son remboursement en guise de pourboire, ce qui n'est pas dans les habitudes.
Matière première
Voici quelques conséquences de la « tension de trésorerie en pièces de monnaie » qui affecte les échanges commerciaux dans le pays. Et la question que tout le monde se pose est de savoir où sont donc passées les pièces de monnaie? Outre le fait qu'elles font l'objet de spéculations de la part de personnes véreuses qui créé la pénurie à des fins commerciales, la piste d'un trafic vers l'Asie est aussi évoquée par quelques uns.
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Récemment, les éléments du Groupement territorial de gendarmerie de Douala ont effectué une importante saisie dans un quartier de la métropole économique.
Soit une quarantaine de sacs remplis de ces pièces de monnaie, en francs CFA et en Naira, la monnaie nigériane. Des pièces de 50 et 100 francs CFA, les plus demandées, évaluées à environ deux millions de francs CFA!
Parmi les suspects interpellés par les forces de l'ordre, des Camerounais et un Asiatique. De quoi conforter pour certains, cette thèse de trafic des pièces de monnaie en direction de l'Asie évoquée officieusement. Les pièces y serviraient de matière première pour la confection de bijoux.
Sur des photos abondamment partagées sur les réseaux sociaux ces derniers jours, on peut notamment y voir des Asiatiques manipuler des sacs et de fortes quantités de monnaie où l'on reconnaît aisément des pièces de 100 francs CFA utilisées au Cameroun et en Afrique centrale.
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Une pénurie accentuée, du reste, par le fait que certains commerces refusent les pièces de 10, 5, 2 et 1 franc CFA, jugés comme ayant une trop petite valeur et encombrantes.
Il y a quelques mois, le gouverneur de la Banque des Etats de l'Afrique centrale (BEAC), Abbas Mahamat Tolli, invitait les détenteurs de comptes et les entreprises à s'approvisionner en pièces de monnaie auprès de leur agence bancaire pour approvisionner le marché et ainsi faciliter la diffusion des pièces de monnaie