Cameroun: les «bonnes affaires» du coronavirus

Une unité de fabrication de masques au Cameroun. . DR

Le 11/05/2020 à 09h20, mis à jour le 12/05/2020 à 13h43

Si la pandémie a porté un coup dur à l’économie nationale, certains Camerounais, notamment ceux du secteur informel, rivalisent d’imagination pour tirer profit de cette crise sanitaire.

Antoine, quincailler, a vu la vente de ses masques exploser depuis la survenue de l’épidémie de coronavirus (Covid-19) au Cameroun.

Du coup, ce jeune commerçant a revu ses tarifs à la hausse.

«Ce sont des masques pour les ouvriers qui travaillent sur les chantiers de construction qu’on vendait généralement à 200 francs CFA. On les vend aujourd’hui à 500 francs la pièce», dit-il, installé derrière son comptoir, un de ses masques lui recouvrant le nez et la bouche.

Mais Antoine se défend de vouloir profiter de la crise sanitaire actuelle pour faire du bénéfice.

«C’est vrai que les gens en achètent à cause du coronavirus, mais ces masques, nous les importons. Vu que les frontières sont fermées, c’est difficile de s’en procurer et on n’a plus assez de stock. Ce sont des masques d’origine», argumente-t-il.

Si la pandémie a porté un coup dur à l’économie nationale, certains Camerounais, notamment ceux du secteur informel, rivalisent d’imagination pour tirer leur épingle du jeu.

A cause de la rareté des masques sur le marché, des tailleurs et couturières se sont lancés dans le circuit en confectionnant des masques lavables et réutilisables.

Dans la rue, il n’est plus rare de voir des vendeurs ambulants, des enfants notamment, brandissant ces masques cousus, dont le coût varie entre 200 et 500 francs CFA.

La vente des seaux, bidons et fûts a aussi connu un boom. Au quartier Olézoa à Yaoundé, la capitale, les commerçants installés à cet endroit ont flairé le bon filon pour renflouer les caisses en cette période de marasme économique.

«Avec le coronavirus, les particuliers, les commerçants et même certaines entreprises cherchent des bidons ou des fûts avec robinet pour le lavage des mains», explique l’un des vendeurs.

Si autrefois le robinet était fixé à la demande du client qui venait notamment en acheter pour faire des réserves afin de pallier les coupures d’eau, aujourd’hui, ces récipients sont vendus avec le robinet déjà intégré.

Le seau d’eau de 20l, qui coûtait jadis 2000 francs CFA, est désormais commercialisé à 4000 francs CFA.

«Le robinet est généralement vendu à part. Il coûte 2000 francs, on peut parfois laisser à 1500 francs quand le client a trop discuté», explique Gervais.

Initiatives privées

Ces récipients sont notamment disposés dans des lieux publics, notamment à l’entrée des commerces (magasins, boutiques, marchés, etc.) et des entreprises pour le lavage des mains préconisé par le gouvernement et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour se protéger du coronavirus.

Si Gervais reconnaît que son activité est florissante, il se refuse cependant à donner un chiffre.

«Le marché passe bien, mais la concurrence est rude, car nous vendons tous la même chose ici. C’est à qui saura bien marchander», dit-il, en se levant précipitamment pour aller à la rencontre d’un client potentiel.

D’autres produits comme le citron, utilisé pour des décoctions et autres remèdes de grand-mère censés protéger du coronavirus, ont également vu leurs prix s’envoler.

A côté, des inventeurs proposent des outils de désinfection ou encore des respirateurs. Des innovations «made in Cameroon» pour faire face à la pandémie. De telles initiatives privées fleurissent dans un contexte de forte progression de la maladie.

Depuis la confirmation du premier cas d’infection au Covid-19 le 6 mars dernier, le Cameroun compte désormais à ce jour 2579 cas confirmés positifs, dont 114 décès.

Le 30 avril dernier, le président Paul Biya a décidé de l’assouplissement de certaines mesures prises pour endiguer la propagation du virus, ce, afin de «soulager les secteurs durement impactés par cette crise sanitaire», a déclaré le Premier ministre, Joseph Dion Ngute. 

Par Patricia Ngo Ngouem (Yaounde, correspondance)
Le 11/05/2020 à 09h20, mis à jour le 12/05/2020 à 13h43