Électricité: l’Égypte cible l’Afrique et l’Europe pour exporter plus de 10 GW excédentaires

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Le 08/09/2020 à 16h56, mis à jour le 08/09/2020 à 16h57

L'Égypte, devenue le premier producteur d’électricité du continent, cherche désormais à exporter ses excédents électriques estimés à plus de 10.000 MW. Le pays des pharaons qui investit fortement dans les énergies renouvelables vise les marchés africains et européens.

Alors que la quasi-totalité des pays africains, à l’exception de ceux du Maghreb, accuse des déficits énergétiques notables et des taux d’électrification très faibles, l’Égypte, qui accusait des déficits énergétiques jusqu’en 2013, croule depuis bientôt 6 ans sous des excédents électriques estimés actuellement à plus de 10 GW, soit 10.000 MW, ce qui représente l’équivalent de 20% de sa production électrique annuelle qui s’établit actuellement à 50 GW.

Cet excédent résulte des investissements colossaux réalisés par l'État, mais plus encore par les producteurs privés d’électricité qui ont lancé de nombreux projets dans les énergies renouvelables pour venir à bout des déficits énergiques que le pays enregistrait au début de la décennie en cours.

Face à cet état de fait, l’Égypte qui affiche un taux d’électrification de 100%, et qui s’est fixé comme objectif de devenir un hub énergétique régional, cherche désormais des marchés pour écouler ses excédents électriques. Pour cela, elle cible particulièrement les marchés européens, notamment la Grèce et Chypre, et africains (Soudan, Libye, etc.).

L’Égypte a quelques atouts de taille à faire valoir. Devenue un grand producteur de gaz et s’étant engagée sur des investissements colossaux dans les énergies renouvelables,notamment le solaire et l'éolien, l’Égypte dispose d’une offre excédentaire qui devrait croître de manière exponentielle. 

Ensuite, l’offre égyptienne est très compétitive. Ce, grâce au gaz à bon marché dont dispose le pays en quantité importante depuis la découverte de l’important champ gazier de Zohr dans la Méditerranée et grâce à des productions à faible coût de ses énergies renouvelables.

Rappelons que l’Égypte s’est engagée dans un ambitieux plan d’augmentation de sa production en énergie renouvelable avec un objectif de 61.000 MW à l’horizon 2035, dont 31.000 MW d’énergie solaire, 12.000 MW d’énergie solaire concentrée et 18.000 MW d’énergie éolienne. L’Egypte, dont certaines régions figurent parmi les plus ensoleillées du monde, tire ainsi des ressources naturelles inépuisables qui lui assurent une forte augmentation de sa production électrique tout en réduisant fortement le coût du kw/h.

L’Égypte devrait ainsi voir sa production en énergie propre passer de 9% actuellement à 20% en 2022 et 40% à l’horizon 2035.

Seulement, pour exporter ses excédents, l’Égypte doit construire des infrastructures, notamment les lignes à haute tension pour se relier aux pays ciblés. A ce titre, l’Égypte, Chypre et la Grèce devront être reliés par une ligne d’interconnexion électrique maritime d’une longueur totale de 1.707 km et d’un coût estimé à 4 milliards de dollars. Ce câble d’une capacité de 2.000 MW d’électricité permettra à l’Égypte d’assurer sa sécurité énergétique et d’exporter une partie de son excédent électrique vers le marché européen de plus en plus porté vers les énergies propres. Ce qui devrait constituer une source de devises importante pour le pays.

A ce titre, le fonds souverain égyptien a obtenu l’aval des autorités pour engager des investissements nécessaires pour exporter ces excédents et identifier des partenaires étrangers désireux d'accompagner l'Égypte dans ce projet.

Par Karim Zeidane
Le 08/09/2020 à 16h56, mis à jour le 08/09/2020 à 16h57