Cameroun: face à la polémique, Paul Biya sursoit à une nouvelle taxe sur le mobile

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Le 20/10/2020 à 14h09, mis à jour le 21/10/2020 à 14h07

Face au tollé suscité par la collecte des taxes sur les téléphones importés, via une plateforme numérique dédiée, le président a demandé au Premier ministre, ce lundi 19 octobre, de lui soumettre un mécanisme plus approprié de recouvrement des droits de douane et taxes sur ces appareils.

Hommes politiques, opérateurs de téléphonie mobiles et association des consommateurs le réclamaient avec force, c’est désormais chose faite. Ce lundi 19 octobre, Paul Biya, le président camerounais, a demandé de surseoir à la mise en œuvre de la collecte par voie numérique des droits de douane et taxes sur les téléphones et terminaux importés.

Le président a par ailleurs demandé au chef du gouvernement, Joseph Dion Ngute, de lui «soumettre (…) un mécanisme plus approprié de recouvrement desdits droits de douane et autres taxes», écrit le secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh, dans une correspondance adressée au secrétaire général des services du Premier ministre, Séraphin Fouda, et qui a fuité sur Internet.

Cette nouvelle taxation devait entrer en vigueur le 15 octobre dernier. Elle visait à contraindre les consommateurs à payer 33% du prix d’importation de ces appareils via une plateforme gouvernementale dédiée, au cas où le terminal numérique n’aurait pas été dédouané lors de son entrée au pays par l’importateur. Le gouvernement explique cette réforme par le souci d’améliorer les recettes douanières et pour combattre l’évasion fiscale sur ce segment précis. Ce, alors que la Douane collecte actuellement moins de 100 millions de francs CFA par mois sur les près de 2 milliards de francs CFA encaissés dans les années 2000.

Mais la mesure est vivement contestée. Il y a quelques semaines, l’Association des opérateurs de téléphonie mobile du Cameroun (AOTMC) a adressé un mémorandum au gouvernement pour solliciter la «suspension provisoire» de cette réforme prévue dans la loi de finances 2019 en évoquant, entre autres, la sécurité des données personnelles des consommateurs, l’illégalité du mode de paiement retenu ou encore l’inefficacité du système de collecte.

L’association a par ailleurs fait un ensemble de propositions afin de rendre le projet plus efficace. En l’occurrence, le paiement par Mobile Money, un service de paiement électronique déjà utilisé pour la collecte de la taxe foncière ou pour le paiement de frais scolaires et universitaires.

L’annonce de la suspension de la nouvelle taxe sur le mobile est donc accueillie avec joie. «Nous saluons la mobilisation populaire qui a fait reculer le gouvernement sur cette mesure que nous avions qualifiée d’inique», a réagi sur Twitter le Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN) de Cabral Libii, candidat malheureux à l’élection présidentielle d’octobre 2018 et député à l’Assemblée nationale. De son côté, la Fondation camerounaise des consommateurs (FOCACO) «se félicite que le chef de l’Etat ait entendu les cris des consommateurs».

Par Patricia Ngo Ngouem (Yaounde, correspondance)
Le 20/10/2020 à 14h09, mis à jour le 21/10/2020 à 14h07