La raffinerie du tycoon nigérian Aliko Dangote, l’homme d’affaires de 64 ans dont la fortune est évaluée à plus de 12 milliards de dollars, sera livrée en 2022. Avec une capacité de traitement de 650.000 barils par jour, ce sera de loin la première raffinerie d’Afrique en termes de capacité et la 6e au niveau mondial.
D’un coût de construction estimé à 15 milliards de dollars, environ 60% de celui-ci est financé par l’homme le plus riche d’Afrique et le reste est arrangé par Standard Chertered Plc avec un prêt syndiqué de 3,3 milliards de dollars.
D’emblée, il faut souligner que le Nigéria, premier producteur de pétrole du continent africain avec une production de 1,9 à 2,1 million de barils par jour, ne dispose pas actuellement de raffinerie en état de fonctionnement. Les 3 raffineries de la Compagnie nationale des hydrocarbures (Nigerian national petroleum corporation, NNPC) sont toutes à l’arrêt depuis des années, faute d’entretien. La NNPC compte d’ailleurs débloquer 2,76 milliards de dollars pour acquérir 20%du capital de la raffinerie de Dangote.
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Aussi paradoxale que cela puisse paraître, le Nigéria, premier producteur et exportateur de l’or noir du continent, importe la quasi totalité de ses besoins en carburants.
En conséquence, la réalisation de cette méga-raffinerie, qui produira de l’essence, du diesel de qualité Euro-V, du carburéacteur et d’autres produits raffinés, aura des impacts très positifs sur l’économies nigériane.
D’abord, la raffinerie de Dangote, implantée dans la zone industrielle de Lekki à Lagos, permettra de mettre fin aux importations d’hydrocarbures, ou du moins de réduire les importations à un niveau négligeable. Ce qui devrait faire économiser au gouvernement fédéral plus de 7,5 milliards de dollars par an en importation de carburant et autres produits raffinés, selon les estimations.
Ensuite, ces économies en devises et les recettes générées par les exportations des produits du raffinage vont renforcer les avoirs extérieurs en devises du Nigéria. Ce qui devrait contribuer à rééquilibrer de la balance extérieure du pays et à raffermir la monnaie locale, le naira, qui ne cesse de se déprécier vis-à-vis des grandes devises ces dernières années.
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En outre, cette importante raffinerie fait partie d’un complexe industriel comprenant un gazoduc sous-marin, une méga-raffinerie de pétrole, une usine de polypropylène d’une capacité annuelle de 3,6 millions de tonnes et une usine de production de 3 millions de tonnes d’engrais par an. Ce complexe industriel va fortement contribuer à la diversification de l’économie nigériane qui est devenue depuis quelques années entièrement dépendante des hydrocarbures qui pèsent environ 90% des recettes d’exportation et 50% des ressources du budget fédéral. L’unité de production d’engrais va accroître l’offre et contribuer à la volonté des autorités de développer le secteur agricole nigérian qui recèle de grandes potentialités (terres arables, fleuves…) non exploitées et qui étaient le moteur de l’économie au début des années 1970 avant le boom pétrolier.
Par ailleurs, ces investissements autour de ce complexe vont générer des milliers d’emplois au niveau de la métropole Lagos, la ville la plus peuplée du continent africain avec plus de 23 millions d’habitants. Ce sont plusieurs dizaines de milliers d’emplois qui sont annoncées au sein de ce complexe. Les autorités nigérianes estiment à plus de 70.000 emplois directs et indirects qui seront créés par le complexe de l'homme d'affaires.
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De même, la réalisation de cette raffinerie va permettre d’alimenter les pays de la sous-région en carburants et d’autres produits raffinés à des coûts globalement bas par rapport aux produits importés d’Europe et des Etats-Unis. Ce qui devrait contribuer à dynamiser les échanges au niveau de l’Afrique de l’Ouest, l’une des régions les plus intégrées économiquement au niveau du continent. Et ce, d’autant plus que le gouvernement nigérian s’est engagé à réhabiliter la raffinerie de Port Harcourt, d’une capacité de 210.000 barils par jour, pour accroître les capacités de raffinage du pays dans les années à venir et réduire considérablement les exportations de pétrole brut.
Enfin, il faut souligner que Dangote est derrière un conglomérat déjà diversifié dans le ciment, le pétrole, les engrais, l’agroalimentaire (sucre, farine, riz, etc.) et l’immobilier.