En Egypte, les découvertes d’hydrocarbures se succèdent. Après les importantes découvertes du champ Zohr en Méditerranée qui ont fait entrer le pays dans le cercle des producteurs importants de gaz, Egyptian Natural Gas Holding Company (EGAS), la compagnie gazière publique égyptienne, vient d’annoncer 5 nouvelles découvertes de gaz en Méditerranée et dans le delta du Nil. Il s’agit de découvertes très importantes en ce sens que, selon les estimations, elles portent sur des réserves totales prouvées d’environ 317 milliards de pieds cubes de gaz. S'y ajoutent des réserves de 471 milliards de pieds cubes à confirmer après le forage du puits Bashrush 3 en Méditerranée. Rappelons que les gisements Zohr renferment des ressources exploitables évaluées à 850 milliards de mètres cubes.
Ces nouvelles découvertes interviennent alors que l’Egypte, encore importatrice de gaz il y a quelques années, est actuellement le 13e producteur mondial de gaz au monde, en plus d'en être exportateur. Au titre de l’exercice 2021-2022, ses exportations de gaz ont augmenté de 44% sur une base annuelle.
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Fort de ces découvertes à fort potentiel, notamment en Méditerranée, l’Egypte a lancé un processus d’attribution de 3 nouveaux blocs pour l’exploration du gaz au profit des géants pétroliers Eni et BP (British Petroleum). Les découvertes présentes et futures pourront également faire du pays un important fournisseur de gaz et d’électricité à l’Europe, continent qui cherche par tous les moyens à sortir de la dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie.
Outre l’exportation de gaz, l’Egypte, qui dispose d'unités de liquéfaction de gaz, compte consolider sa position de hub énergétique entre l'Afrique, l'Asie et l'Europe. A ce titre, en juin dernier, elle a signé avec Israël un protocole d’accord pour la fourniture de gaz à l’Union européenne. Cet accord permet à l'Etat hébreu de bénéficier des infrastructures de transport et de traitement de l'Egypte pour expédier du gaz transformé en GNL (gaz naturel liquéfié) dans ce pays vers le marché européen via les terminaux d'Idku et de Damiette.
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Par ailleurs, le pays des pharaons compte devenir, grâce au gaz notamment, un fournisseur d’électricité aux pays de la sous-région. Ainsi, une ligne d’interconnexion électrique sous-marine d’une capacité de 2.000 MW devrait connecter l’Egypte à l’Europe, via Chypre et la Grèce. D’un coût de 4 milliards de dollars, elle devrait être opérationnelle début 2023.
Par ailleurs, au Moyen-Orient, l’Egypte, déjà reliée à la Jordanie par une connexion électrique, travaille également sur un projet d’interconnexion avec l’Arabie saoudite. Cela permettrait au pays de bénéficier des excédents de production d’électricité du premier exportateur mondial de pétrole pour alimenter son hub électrique.
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De même, l’Egypte envisage des connexions électriques avec des pays africains. C’est déjà le cas avec le Soudan où une ligne d’une capacité de 300 MW est déjà opérationnelle et alimente le voisin du sud dont le taux d’électrification est d’à peine 45%. Cette ligne est considérée par les autorités égyptiennes comme le point de départ de la liaison électrique entre l’Egypte et l’Afrique.
Ainsi, grâce aux dernières découvertes de gaz et aux importants investissements dans les énergies renouvelables, en plus d'une production électrique nationale estimée actuellement à 60.000 MW, soit la plus importante au niveau africain, l’ambition de l'Egypte de devenir un hub électrique des trois continents est en passe de devenir une réalité.