Cameroun: des journalistes utilisent la CAN 2019 comme moyen de pression sur le gouvernement

Ce 03 Mai, les patrons de presse et leurs employés ont marché ensemble pour réclamer de meilleures conditions. DR/

Le 12/07/2017 à 09h16

Dans une lettre ouverte adressée au président de la Confédération africaine de football, le Comité pour la protection des journalistes appelle à la libération des hommes de médias incarcérés. Une manière d'attirer l'attention des dirigeants de la CAF sur la liberté d'expression au Cameroun.

Angela Quintal, coordinatrice du programme Afrique du Comité pour la protection des journalistes (CPJ) a adressé le 7 juillet dernier une lettre au président de la Confédération africaine de football (CAF), Ahmad Ahmad. Dans son adresse, le CPF demande à la CAF de mettre la pression sur les autorités camerounaises pour «libérer tous les journalistes détenus pour leur travail au Cameroun et de cesser de censurer et de harceler les médias avant la Coupe d'Afrique des Nations 2019».

Pour le CPF, le traitement par le Cameroun de la presse s'est régulièrement détérioré depuis décembre 2016. Notamment en mettant l'accent sur les médias anglophones et l'utilisation de la législation antiterroriste pour calmer les critiques ou ceux qui traitent les nouvelles que le gouvernement ne souhaite pas voir publiées.

«La Coupe d'Afrique des Nations attirera probablement les journalistes du monde entier. Etant donné le mépris du Cameroun pour la liberté de la presse, pour un large éventail de droits de l'homme et pour la responsabilité des crimes contre les journalistes, nous sommes préoccupés par le fait que les journalistes invités ne pourront pas parler librement du Cameroun. Leurs collègues camerounais ne le peuvent déjà pas», écrit Angela Quintal.

Celle-ci cite entre autres journalistes emprisonnés, Ahmed Abba, correspondant de RFI, condamné par un tribunal militaire à 10 ans de prison. De même, le CPJ n’aurait obtenu aucune nouvelle des autorités camerounaises au sujet de Tim Finnian, Atia Azohnwi, Amos Fofung, Thomas Awah Junior, Mfor Ndong, Hans Achomba et Medjo Lewis.

Le gouvernement camerounais n’a pas encore réagi au courrier du CPJ. Cependant, certaines autorités traitent cette initiative de l’ONG de «chantage qui n’a rien à voir avec le sport».

De même, le ministre de la Communication a toujours affirmé qu’aucun journaliste n’était emprisonné dans le pays du fait de son travail. Cette communication de cette ONG qui dit œuvrer pour la défense des journalistes sonne comme un élément de plus qui pourrait handicaper l’organisation par le Cameroun de la CAN 2019.

En effet, les travaux de construction de certaines infrastructures essentielles comme les stades d’Olembé (à Yaoundé) et de Japoma (à Douala) sont très en retard. Selon certains experts, le stade de Japoma ne sera d’ailleurs pas prêt à temps pour la compétition. Quant au stade d’Olembé, l’entreprise en charge des travaux, l’Italienne Piccini, va utiliser des matériaux préfabriqués pour essayer de rattraper les retards. Mais rien n’est garanti.

Au ministère des Sports et de l’éducation physique, certains administrateurs craignent même que l’organisation de la CAN 2019 soit retirée au Cameroun compte tenu de ces manquements. Surtout que, Issa Hayatou, considéré comme le «protecteur» du pays, n’est plus président de la CAF.

Par Elisabeth Kouagne (Abidjan, correspondance)
Le 12/07/2017 à 09h16