Cameroun. Dépôt légal des publications: le ministre de la Communication rappelle les médias à l’ordre

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Le 30/03/2018 à 14h25, mis à jour le 30/03/2018 à 14h35

Dans un communiqué rendu public mardi 27 mars, Issa Tchiroma Bakary s’indigne du «manque de régularité» dans le dépôt dans ses services, des journaux produits et/ou diffusés au Cameroun. Les éditeurs et distributeurs de presse sont tenus de se soumettre à la réglementation sous peine de sanctions.

Le «manque de régularité» dans le dépôt dans ses services, des journaux produits et/ou diffusés au Cameroun, agace le ministre de la Communication (Mincom).

Dans un communiqué rendu public cette semaine, Issa Tchiroma Bakary rappelle aux éditeurs de presse qu’ils sont tenus de déposer deux exemplaires signés de leurs journaux auprès de ses services, «deux heures au plus tard après leur parution». La même règle s’applique aux distributeurs d'organes de presse édités à l'étranger.

Ceux-ci sont, pour leur part, astreints au dépôt de deux exemplaires desdits journaux auprès des services du Mincom, «24 heures au moins avant la distribution et la mise à la disposition du public». Pour motiver ce rappel à l’ordre, le ministre et porte-parole du gouvernement s’appuie sur la loi du 19 décembre 1990 sur la liberté de la communication sociale. Celle-ci souligne notamment que chaque organe de presse est astreint au dépôt légal (article 15, alinéa 1).

Par conséquent, le ministre de la Communication invite les éditeurs et les distributeurs à «une meilleure observance» des dispositions susmentionnées. Il annonce par ailleurs l’ouverture d’un registre à cet effet à la Direction du développement des médias privés et de la publicité de son département ministériel.

Tout en comptant sur la franche collaboration de tous pour un retour à «des pratiques saines en matière de dépôt des publications au Mincom», Issa Tchiroma Bakary «annonce qu'il appliquera le cas échéant et sans faiblesse, les sanctions prévues par la réglementation en vigueur, à l'encontre de ceux qui persisteront dans le refus de respecter la loi».

Ces sanctions vont des saisies de journaux desdits organes à l’interdiction de publication. La décision du Mincom est diversement appréciée au sein de la corporation. Si tous s’accordent sur le fondement juridique du dépôt légal, beaucoup pensent néanmoins que le ministère de tutelle doit se doter de moyens conséquents pour un meilleur suivi des médias.

«Il faut respecter la loi. Mais les facilités légales pour accompagner la presse ne sont pas appliquées par les autorités compétentes, cas de la Convention de Florence. Le Mincom devrait souscrire un abonnement auprès de chaque journal à parution régulière au Cameroun, parce que produire et déposer les journaux au Mincom a un coût qu’il faut bien supporter», suggère Thierry Ndong, directeur de publication du journal Intégration.

«La loi est dure, mais c’est la loi. N’oublions pas cependant que cette disposition sur le dépôt légal a permis au cours de la décennie 90, et même 2000, la censure de la presse. Maintenant, dans le contexte actuel de l’économie des médias, le Mincom a un équipement de pointe et coûteux pour faire le monitoring des médias audiovisuels. Le ministère devrait également investir dans l’achat des différents journaux qui lui permettrait de faire son monitoring», renchérit Yannick Assongmo Necdem, journaliste au quotidien privé Le Jour.

Par Tricia Bell (Yaounde, correspondance)
Le 30/03/2018 à 14h25, mis à jour le 30/03/2018 à 14h35