Cameroun: les journalistes dénoncent leurs conditions sociales

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Le 13/09/2019 à 10h18, mis à jour le 13/09/2019 à 10h37

Le Syndicat national des journalistes du Cameroun a adressé aux directeurs de publication des principaux quotidiens du pays une «une injonction de payer» les salaires et brandit la menace d'une grève imminente.

Plusieurs mois de salaire restés impayés, aucune couverture sociale, etc. Les journalistes de la presse privée camerounaise crient leur ras-le-bol. 

Il y a quelques jours, le Syndicat national des journalistes Cameroun (SNJC) a initié une opération coup de poing auprès de certains patrons de presse dans le pays. Ce, en adressant aux directeurs de publication de quatre quotidiens privés «une injonction de payer» les salaires des journalistes .

Le syndicat demande aussi aux patrons de proposer un moratoire pour l'apurement des dettes, les arriérés s'élevant parfois à plusieurs mois ou s’étalant sur plusieurs années dans certains médias. Il s'agit des plus connus de la place : Le Messager, Le Jour, Mutations et La nouvelle expression.

Le SNJC indique avoir été «saisi de la situation précaire» des journalistes, alors que les finances des parents sont très sollicitées en cette période de rentrée scolaire.

Dans la foulée, le président du SNJC, Denis Nkwebo, a démissionné de ses fonctions au sein de la rédaction du quotidien Le jour. La précarité des journalistes, notamment ceux du privé, est un sujet qui préoccupe les syndicats.

Cela contraint parfois les journalistes à vivre de prébendes susceptibles de nuire à leur indépendance. «Le Bureau exécutif national du SNJC prend l'engagement d'aller jusqu'au bout pour obtenir le paiement des salaires et le respect dû aux journalistes. Soit tous les salaires sont payés, soit toutes les officines médiatiques qui servent de comptoirs aux DP (directeurs de publication, Ndlr) ferment les portes», déclare notamment Denis Nkwebo. En plus d'une situation salariale incertaine, peu de journalistes disposent d'une couverture sociale.

«Nous avons eu des séances de travail avec les responsables de la CNPS (Caisse nationale de prévoyance sociale, Ndlr) pour faire le point des cotisations sociales des travailleurs de la presse et membres du SNJC. Les larmes de toute une vie ne suffiront pas pour couvrir ce que nous avons découvert et rendu public. 90% des travailleurs de la presse d'hier à aujourd'hui n'ont aucune sécurité sociale.

La CNPS a promis de sévir. Rien n'a encore été fait jusqu'à ce jour», décrie, sur les réseaux sociaux, le secrétaire national à la communication, Charles Nforgang.

«Faute par vous de répondre positivement à cette injonction, le SNJC se verra obligé d'introduire un préavis de grève», écrit-il dans sa publication. Il exprime également la détermination du syndicat à «mettre un terme à l'exploitation éhontée et humiliante des travailleurs des médias». 

Par Patricia Ngo Ngouem (Yaounde, correspondance)
Le 13/09/2019 à 10h18, mis à jour le 13/09/2019 à 10h37