Gambie: Jammeh recrute des mercenaires libériens et sierra-léonais

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Le 06/01/2017 à 16h43, mis à jour le 06/01/2017 à 17h37

Yahya Jammeh veut coûte que coûte se maintenir au pouvoir en Gambie et semble privilégier de plus en plus l'option de la guerre. Plusieurs sources confirment qu'il est en train de recruter des mercenaires au sein des ex-combattants de la guerre civile libérienne et sierra-léonaise.

Kiosque le360afrique. Peu de gens seront surpris par cette information, après les récentes et nombreuses déclarations de Yahya Jammeh Le président gambien, battu lors de la dernière présidentielle du 1er décembre, est en train de recruter des mercenaires à partir de certains pays ouest-africains, en l’occurrence la Sierra Leone, le Liberia et la Côte d’Ivoire. C’est BuzzFeed News qui donne la nouvelle, citant plusieurs sources.

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Un ex-commandant de l’armée libérienne affirme, sous le sceau de l’anonymat, que "Jammeh est prêt à se battre bec et ongles et à dépenser beaucoup d’argent pour rester au pouvoir". Ce commandant a combattu contre l’ex-dictateur Charles Taylor avant de s’engager comme mercenaire en Sierra Leone et en Côte d’Ivoire pendant près d’une décennie. Selon lui, le président gambien a déployé des recruteurs parmi les soldats et ex-rebelles libériens démobilisés à travers toute l’Afrique de l’Ouest.

Jammeh ne peut pas compter sur ses 1000 hommes

Entre Monrovia et Banjul, il faut bien parcourir plus de 1500km et traverser 6 frontières avant de défendre la State House.

Il y a au moins deux raisons qui poussent Yahya Jammeh à se tourner vers des mercenaires. D’une part, son armée ne compte officiellement qu’un millier d’hommes, dont 900 dans l’armée de terre et 100 dans l’armée de l’air. D’autre part, Jammeh qui s’est mis à dos la communauté mandingue, et qui est devenu impopulaire, n’est pas sûr de pouvoir compter sur la fidélité de ses troupes. Par conséquent, disposer de quelques centaines de mercenaires est d’une importance capitale s’il veut réellement résister face à la menace de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Cette dernière l’a sommé de respecter le verdict des urnes et de quitter le pouvoir le 19 janvier prochain pour laisser la place à Adama Barrow.

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"Il y aurait quelque 20.000 soldats et rebelles démobilisés qui se trouvent un peu partout dans la sous-région, du Liberia au Ghana en passant par la Sierra Leone et la Côte d’Ivoire", affirme le même commandant. Le fait est qu’ils sont " très pauvres, vivent quelquefois dans des camps de refugiés et beaucoup d’entre eux accepteront volontiers de gagner un peu d’argent avec le seul métier qu’ils connaissent: celui de la guerre". Et d’ajouter : "Ils ne se soucient pas de savoir de quel bord ils combattent et ils peuvent collaborer avec d’anciens ennemis, pourvu qu’ils soient bien payés".

Entre 100 et 300 dollars par mois

Un officier des renseignements ivoiriens confirme également l’information, par téléphone, toujours à Buzzfeed News. Selon lui, "une vaste opération de recrutement est actuellement en cours chez des mercenaires ivoiriens et libériens, laquelle opération est chapeauté par d’ex-officiers de Charles Taylor. "Ces recrutements auraient lieu aux alentours de San Pedro, Grabo, Tai et Toulepelu, dans le sud-ouest ivoirien. Au total, "entre 300 et 400 personnes auraient déjà signé pour un salaire compris entre 100 et 300 dollars".

Cependant si ces informations sont avérées, il restera à l’homme fort de Banjul à acheminer ces recrues vers la Gambie. Car mine de rien, il y a bien 2000 km, 6 frontières et 5 pays entre ces endroits situés à la frontière entre le Libéria et la Côte d’ivoire d’une part et Banjul, la capitale gambienne, de l’autre. Dans le contexte actuel, où les frontières sénégalaises sont très surveillées, on se demande comment ces hommes pourront rejoindre la Gambie par voie terrestre, ce pays étant enclavé à l'intérieur du Sénégal. Il ne reste à Jammeh que la mer. Mais en l’absence d’une force navale, ce n’est pas gagné d’avance.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 06/01/2017 à 16h43, mis à jour le 06/01/2017 à 17h37