Il s'est opposé à Mobutu, à Kabila père, à Kabila fils et mort depuis trois mort, le patriarche ne veut pas se laisser enterrer. En tout cas, le lieu de son inhumation divise ses partisans et la majorité présidentielle.
Alors que sa famille politique et ses proches parents maintiennent le siège de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) comme lieu de l’inhumation, les autorités du pays, particulièrement le gouverneur de la ville de Kinshasa, se sont opposées catégoriquement à ce choix qu’il qualifie de «non conforme à la loi».
Pour matérialiser la volonté d’enterrer leur leader à leur façon, les dirigeants de l’UDPS ont entrepris les travaux de construction du mausolée où devra reposer le corps d’Etienne Tshisekedi au siège du parti situé à la 11ème rue du quartier résidentiel dans la Commune chaude de Limete.
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Alors que l’arrivée de la dépouille d’Etienne Tshisekedi à Kinshasa est prévue pour le samedi 12 mai 2017, le gouverneur de la ville, André Kimbuta, ne s’est toujours pas prononcé de manière définitive sur le lieu de son enterrement. Le patron de la ville avait réservé une fin de non recevoir à l’UDPS et proposait que l’inhumation ait plutôt lieu au cimetière de la Gombe, lieu où l’Etat va aménager un endroit pour l’ancien Premier ministre.
La majorité présidentielle s’invite au débat
Il convient de noter que ce bras de fer entre l’UDPS et le gouvernorat de Kinshasa dure depuis près de trois mois.
Alors que le parti de l’opposant historique et sa famille biologique continuent de réclamer un mausolée sur l’un de trois sites qu’ils proposaient, le camp présidentiel élève la voix, le jeudi 4 mai 2017, dans ce débat pour dire qu’il reste préoccupé par la préservation de l’ordre public et de la paix dans la capitale. Les proches du Sphinx de Limete avait désigné, pour son inhumation, trois endroits chargés de symboles. Il y a d'abord, le pont Cabu, lieu de son tout premier meeting sous Mobutu au début des années 1980, ensuite le boulevard Triomphal, l'endroit de son dernier meeting et enfin le rond-point du Palais de Justice, car premier docteur en droit du pays.
D’où l’organisation d’une réunion, le jeudi 4 mai à l’hôtel du Fleuve, le Kempinski, par le secrétariat général de la plateforme présidentielle, la majorité présidentielle (MP).
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«Face à l’exigence de l’UDPS de vouloir enterrer le patriarche Tshisekedi au siège du parti à Limete, nous estimons qu’il appartient à l’Etat de fixer le lieu d’inhumation suivant la législation sur les sépultures et funérailles qui date de l’époque coloniale (1914, 1919 et 1957)», a indiqué Me Ernestine Nyoka, porte-parole de la MP qui s’est exprimée au micro de le360.ma à l’issue de la réunion. Puis de poursuivre: «Nous devons tous, nous soumettre à la législation en vigueur. Bien plus, les obsèques du président Tshisekedi ne doivent pas constituer une occasion d’orchestrer des troubles dans la ville. Nous voulons de l’ordre, nous voulons la paix. Enterrer Tshisekedi dans la dignité, c’est l’enterrer dans la légalité. Il est donc clair que l’enterrer au siège du parti à Limete violerait les dispositions en matière des funérailles et sépultures qui imposent l’éloignement des cimetières à environ cinquante mètres des habitations».
Interrogé sur l’issue de ce bras de fer, Joseph Sekabo de l’Ong «Toges noires», a recommandé aux différentes parties de trouver un terrain d’entente afin d’honorer Etienne Tshisekedi, icône de la politique congolaise. «Jusque-là nous assistons à un dialogue de sourds. Félix Tshisekedi, depuis Bruxelles où il séjourne, a confirmé l’arrivée le 12 mai à Kinshasa de la dépouille mortelle de son père. Au moment où les autorités de police ont levé la sanction imposée contre le général Celestin Kanyamba, surnommé "Esprit de mort"», afin de contenir la masse qui va certainement suivre le cortège funèbre.