RDC: Lambert Mende, «la Belgique veut faire de la RDC une nouvelle Libye!»

Lambert Mende Omalanga, ministre de la Communication et des médias de la République démocratique du Congo (RDC).

Lambert Mende Omalanga, ministre de la Communication et des médias de la République démocratique du Congo (RDC). . DR

Le 10/06/2017 à 09h32, mis à jour le 10/06/2017 à 09h59

Lambert Mende Omalanga, ministre de la Communication et des médias, un des 9 officiels congolais concernés par les sanctions de l'Union européenne (UE), n'a pas été tendre avec la Belgique, accusée d'être derrière ces sanctions.

Figurant parmi les 9 officiels congolais concernés par les sanctions de l'Union européenne (UE), le porte-parole du gouvernement congolais, le ministre de la Communication et des médias, Lambert Mende Omalanga, a pointé du doigt, ce jeudi 8 juin 2017, la Belgique qui, selon lui, est l’un de ces détracteurs qui veulent faire de la RDC la nouvelle Libye.

Le Conseil de l’UE, rappelons-le, considère qu'en tant que ministre des Communications et des médias depuis 2008, Lambert Mende est responsable de la politique répressive menée envers les médias en RDC. Politique qui viole le droit à la liberté d'expression et d'information et compromet une solution consensuelle et pacifique en vue de la tenue d'élections en RDC.

De même que le nouveau Premier ministre qui avait déclaré que la RDC subsisterait aux prédictions apocalyptiques et malveillantes de ses détracteurs, le ministre Mende a pris la presse à témoin sur lesdites «prédictions apocalyptiques qui tombent chaque jour des quatre coins du monde, surtout de nos anciens colonisateurs qui ne rêvent que de nous voir peut-être disparaître ou bien faire de nous un nouveau Soudan, une nouvelle Libye ou une nouvelle Somalie». «Nous allons résister à cela. Je pense que la volonté de tous les Congolais va dans ce sens là!», a-t-il martelé, avant de préciser qu’il n’avait pas besoin de nommer ces colonisateurs dans la mesure où la RD Congo n’en a pas deux.

Soutenu par son parti politique la Convention des Congolais unis (CCU), celui-ci estime que, du point de vue du droit international, les sanctions de l'Union européenne, une organisation régionale à laquelle la RDC n'appartient pas, sont une "entorse" au principe fondateur de la coexistence pacifique et égalitaire entre les nations. Interrogé par le360 Afrique, le secrétaire général de la CCU, Dieumerci Mutombo engage «les Congolaises et Congolais à faire échec à la marginalisation de la souveraineté nationale en rejetant et en condamnant la deuxième série de sanctions ciblées européennes».

Evariste Boshab fustige la poursuite de la colonisation

Au moment où certaines ONG des droits de l’Homme saluent les sanctions que l'UE a infligées à neuf responsables congolais pour leur rôle «indéniable» dans la répression aveugle des opposants et membres de la Société civile ainsi que leur rôle négatif joué dans les exactions au Kasaï, une autre personnalité visée, le vice-Premier ministre honoraire, le professeur Evariste Boshab, a évoqué la poursuite de la colonisation, accusant l’UE de l’avoir condamné sans l’avoir entendu au préalable.

Premier sur la liste de 9 proches du Président Kabila contre lesquels l’Union européenne a prononcé des mesures restrictives lundi, l’ancien speaker de l’Assemblée nationale et ex-directeur de cabinet du président, s’est indigné en s’exclamant : «Je pensais que la colonisation était terminée!».

Joint par le360 Afrique, son directeur de cabinet à l’Assemblée nationale, Kodjo Adjayi Ndukuma, spécialiste en droit de l’Union européenne, a expliqué que «le principe du contre-interrogatoire est la garantie fondamentale d’une procédure tenant compte d’un examen à charge et à décharge des faits, avant toute conclusion».

Kodjo est d’avis que retenir des sanctions de quelque nature que ce soit - disciplinaire, administrative ou judiciaire - contre des individus sans les avoir au préalable entendus ou leur avoir donné la possibilité de s’exprimer frise l’inquisition. «L’article 96 de l’Accord de Cotonou de 2000 -révisé à Luxembourg en 2005- sur les relations entre l'ACP et l'UE réaffirme ce principe séculaire de discussion avant toute sanction portant sur la démocratie ou les droits humains dans le cadre des relations de partenariat entre l’Union européenne -y compris ses institutions- et les Etats d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique», a rappelé cet intellectuel.

Par Tshieke Bukasa (Kinshasa, correspondance)
Le 10/06/2017 à 09h32, mis à jour le 10/06/2017 à 09h59