Liberia. Présidentielle: les chances de Weah au second tour

George Weah.

George Weah.. DR

Le 16/10/2017 à 07h36, mis à jour le 16/10/2017 à 07h52

Les résultats de 95% des bureaux de vote donnent une avance confortable au sénateur George Weah avec 39% des voix. Mais rien n'est joué pour celui qui doit affronter le vice-président Joseph Boakai au second tour de la présidentielle et éviter le "Tous contre Weah" qui lui a été fatal en 2005.

Les résultats partiels de l’élection présidentielle libérienne portant sur 96% des voix ont été annoncés. Comme attendu, c’est le plus célèbre Libérien, l’ancienne gloire du football mondial, qui vire en tête avec 39% des voix exprimées, devant son principal challenger du parti au pouvoir Joseph Boakai avec 29,1%, soit une différence de 9,9 points; les 18 autres prétendants se partageant le reste des voix. Il s'avère en outre que Mister George devance son rival dans 12 des 15 comtés que compte le Liberia.

Le différentiel est important entre les deux hommes. Toutefois, Weah est loin d'avoir remporté la partie. En effet, le 2e tour opposera le 7 novembre prochain, l’enfant du quartier déshérité de Monrovia, au septuagénaire Boakai et il n'est pas exclu que le scénario de 2005 se répète. En effet, en 2005, malgré un différentiel de voix favorable à Weah de 8,8 points, Ellen Johnson Sirleaf avait remporté le second tour de l’élection avec près de 60% des voix. Outre la fraude, la machine de «Tous contre Weah» avait joué contre l’ancien footballeur.

Un front anti-Weah et la fraude pourraient cette fois encore changer le cours de cette élection. D'autant que deux autres rivaux importants que sont l’avocat Charles Brumskine et le dirigeant de Coca Cola Afrique Alex Cummings, avec respectivement 9,8% et 7,1% des voix recueillies, sont, à priori, plus favorables au candidat du gouvernement. Ce qui tend à contrebalancer l’avance de Weah qui semble avoir épuisé dès le premier tour sa réserve de voix.

D’ailleurs, les deux autres poids lourds de cette élection ont dénoncé des irrégularités imputées au candidat de la Coalition for democratic change (CDC), George Weah. Ils pourraient donc ne pas soutenir Weah au second tour.

L’autre facteur qui risque de peser est l’argent, le nerf d’une élection présidentielle. Les rivaux de Weah sont de loin plus nantis et Boakai peut compter aussi sur l’appareil de l’Etat.

Toutefois, certains observateurs pensent que cette fois-ci le «Tous contre Weah» ne fonctionnera pas. Boakai ne jouit pas d’un soutien clair des autres candidats. Même la présidente du pays ne le soutient que mollement. Lui même a voulu se démarquer du bilan économique de son parti politique. 

En outre, en 2005, George Weah avait comme rivale une femme, soutenue par l’écrasante majorité des femmes libérienne et l’Occident. Cette fois, ces deux arguments ne joueront pas en faveur de son rival.

De plus, tous les mécontents de la présidence d’Ellen Johnson Sirleaf pourraient ne pas suivre les directives de leurs dirigeants et voter pour Weah au second tour. Les difficultés économiques vécues par la grande majorité des Libériens et les accusations de corruption du régime actuel vont favoriser l'ancienne gloire du football mondial. 

En outre, Weah peut aussi espérer le soutien de son collègue sénateur Prince Johnson, l’ancien chef de milice durant la guerre civile (1989-2003) crédité de 7%.

Par ailleurs, cette élection va pour la première opposer deux candidats issus de la population "autochtone", et non de l'élite "américano-libérienne" descendante d'esclaves affranchis qui dirige le pays depuis sa création. C'est dire qu'à ce titre, les chances sont égales entre ls deux rivaux. 

Enfin, outre sa célébrité, Weah, beaucoup jeune que son rival, peut aussi compter sur la jeunesse face à un candidat de 72 ans que les libériens ont surnommé "Sleepy Joe" (Joe le dormeur).

Une chose est sûre, afin que l’ancienne gloire du football brigue le fauteuil présidentiel, il lui faut, au moins, le soutien d’un des trois faiseurs de rois que sont Charles Brumskine, Alexander Cummings ou Prince Johnson. Une entreprise difficile mais pas impossible.

Par Kofi Gabriel
Le 16/10/2017 à 07h36, mis à jour le 16/10/2017 à 07h52