Égypte-Éthiopie-Soudan: le délai de remplissage du barrage de la Grande Renaissance divise

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Le 19/10/2017 à 12h49, mis à jour le 19/10/2017 à 14h23

La mise en eau du barrage de la Grande Renaissance en Éthiopie inquiète l’Égypte et le Soudan. Les ministres des 3 pays concernés et les experts internationaux tentent de trouver une solution.

À mesure que les travaux du barrage hydroélectrique éthiopien de la Grande Renaissance se rapprochent de leur terme, les tensions entre l’Éthiopie et l’Égypte se renforcent. Toutefois, aujourd’hui, le principal point de discorde n’est plus la réalisation du barrage. Celle-ci s'impose désormais comme un fait incontournable, puisque les travaux de construction de cette infrastructure ont dépassé les 70%. L’élément qui attise les tensions reste le mode de remplissage de l’impressionnant réservoir du barrage, d’une capacité d’environ 74 milliards de mètres cubes d’eau.

L’Égypte craint que le mode de rétention des eaux utilisé pour le remplir ne lui porte préjudice, sachant que plus de 70% des eaux du Nil proviennent du Nil bleu qui prend sa source en Éthiopie. Toute réduction du débit du fleuve entraînera une réduction du volume des eaux du barrage du lac Nasser et altèrera la production électrique du barrage d’Assouan.

Face à cette situation, les ministres de l’Eau de l’Éthiopie, du Soudan et de l’Égypte discutent actuellement à Addis-Abeba des moyens de résoudre les problèmes en suspens, après l’étude réalisée par des sociétés de conseil sur la période de remplissage du barrage de la Grande Renaissance. Les trois responsables ont d’ailleurs visité ensemble le barrage, construit à 17 km de la frontière Éthiopie-Soudan.

Les ministres ont rédigé les lignes directrices de leur accord à l’endroit des groupes d’experts internationaux. Ainsi, les experts des trois pays et les cabinets étrangers devront-ils déterminer les taux d’évaporation et d’infiltration dans le lac de stockage du barrage pour mieux cerner le nombre d’années nécessaires pour remplir le barrage sans impacter les pays situés en aval: le Soudan et l’Égypte.

L’Égypte craint qu’un remplissage trop rapide (5 ans) du lac du barrage (un lac de 246 km de long situé en amont), comme le souhaite l’Éthiopie, ne la prive de 12 à 25% de l’eau nécessaire à sa population, à son agriculture et à son industrie. Du coup, l’Égypte pense que ce délai doit être allongé de plusieurs années, entre 10 et 12 ans.

Or, pour l’Éthiopie, c’est de ce remplissage que dépendra la production électrique du plus grand barrage hydroélectrique d’Afrique.

En remplissant le barrage en 5 ans, le pays pourrait atteindre une production optimale en énergie et tirer de conséquentes recettes, estimées à 700 millions d’euros par an, des ventes d’électricité aux pays voisins (Kenya, Soudan, Soudan du Sud, etc.). L'Éthiopie amortirait ainsi rapidement le coup de cet ouvrage estimé à 5 milliards de dollars.

Lancé en avril 2011, ce barrage long de 1.800 mètres, d’une capacité de production électrique de 6.400 mégawatts (MW), va porter la capacité de production électrique de l’Éthiopie à près de 11.000 MW.

Par Moussa Diop
Le 19/10/2017 à 12h49, mis à jour le 19/10/2017 à 14h23