Cette semaine, le gouvernement camerounais, à travers son porte-parole, le ministre de la Communication, Issa Tchiroma Bakary a effectué une sortie au vitriol contre certaines ONG internationales. En ligne de mire entres autres, International Crisis Group, Human Right Watch, Amnesty International, Comitee To Protect Journalists, le Réseau des Droits de l’Homme en Afrique Centrale (REDHAC), Reporters Sans Frontières. Une «coalition d’ONG prétendument caritative» que le gouvernement camerounais accuse de vouloir déstabiliser le pays à coups de rapports jugés partisans.
Le dernier en date de International Crisis Group, publié le 19 octobre 2017, est la cause de la fureur des autorités camerounaises. L’ONG y indique notamment que le gouvernement camerounais porte l’entière responsabilité de l’escalade de la crise anglophone. D’abord, en raison du caractère jugé inadapté des réponses apportées aux revendications exprimées à cette occasion. Ensuite, à cause de la répression qualifiée de meurtrière des forces de sécurité camerounaises, face à une déclaration d’indépendance, «symbolique» d’un Etat fictif et à des marches pacifiques des militants sécessionnistes.
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Le ministre de la communication dénonce ainsi la «légèreté» avec laquelle ledit rapport a été établi et l’inexactitude des faits rapportés. Pour Issa Tchiroma Bakary, il ne s’agit pas d’un rapport basé sur une observation et une analyse contradictoire de la situation. «International Crisis Group a entièrement construit son réquisitoire sur la base d’informations fondamentalement erronées, profondément biaisées et volontairement agrandies», déclare-t-il. Premier reproche effectué au rapport, ses sources d’information.
«International Crisis Group, qui n’a jamais opéré la moindre descente sur le théâtre des évènements, a préféré faire siennes d’autres allégations toutes aussi mensongères publiées par une autre ONG du reste peu crédible dénommée REDHAC. En outre, International Crisis Group a cru devoir puiser sa source dans les informations fantaisistes publiées dans un ou deux journaux paraissant en France, et dont les reporters n’ont à aucun moment, foulé le sol camerounais depuis le déclenchement des susdits évènements (la crise anglophone)», indique le ministre.
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Le bilan des évènements survenus en marge du 1er octobre dernier est aussi contesté. Au lieu de la centaine de morts et des massacres évoqués par le REDHAC, Issa Tchiroma parle d’une dizaine de morts, dont cinq (des détenus) suite à une tentative d’évasion de la prison de Kumbo, dont deux victimes de piétinement dans les mouvements de foule et trois neutralisés par les gardes pénitentiaires. Les autres morts étant du fait de «tirs de riposte règlementaire, alors que les forces de défense et de sécurité étaient la cible de snippers».
Pour le ministre, les attaques terroristes perpétrées dans le pays par les partisans de la sécession n’indignent pas non plus ces ONG qui préfèrent les «aseptiser». Pour les auteurs du rapport, il s’agirait de l’œuvre de groupuscules non-identifiés, pour tenter de les attribuer par la suite au mouvement sécessionniste. Une position qui, pour le ministre de la communication, est assimilable pour International Crisis group, à une «intelligence avec une entreprise terroriste». «En lieu et place d’une ONG de défense
des droits de l’Homme, nous avons à faire à une véritable officine de déstabilisation, à la solde des mouvements sécessionnistes et des intérêts inavoués qui ne rêvent que d’installer le chaos dans notre pays. Nous avons à faire à une coalition ennemie liguée contre notre pays et dont la question anglophone, après Boko Haram, n’est qu’un prétexte commode pour détruire notre édifice national et installer les conditions favorables à la satisfaction de leurs intérêts», conclut le ministre de la communication.