Cameroun. Outrage au président: trois journalistes acquittés

Rodrigue Ntongué, Félix Ebolé Bola et Baba Wamé.

Le 01/11/2017 à 17h46, mis à jour le 02/11/2017 à 10h41

Après trois ans de procès devant le tribunal militaire de Yaoundé, Baba Wamé, Félix Ebolé Bola et Rodrigue Ntongué ont été relaxés.

C’est toute la presse camerounaise qui a poussé un ouf de soulagement lundi 30 octobre. Elle qui, depuis 2014, suit de près l’affaire qui oppose le ministère public et l’État du Cameroun contre trois journalistes. Baba Wamé, Félix Eboué Bola et Rodrigue Ntongué étaient accusés de «complicité de tentative d’outrage au président de la République». Après trois ans de jugement, les juges du tribunal militaire de Yaoundé ont finalement acquitté les trois hommes.

Les protagonistes sont partagés entre joie et amertume. «Je me sens soulagé. Mais ce procès m’a fait perdre des amis, il a causé des déchirements dans ma famille. Certains ont douté de ma moralité. Même si ma foi est restée inébranlable, devant le tribunal militaire, on n’est sûr de rien», assure Félix Ebolé Bola, du quotidien privé Mutations.

Pour sa part, Baba Wamé, désormais formateur de journalistes et spécialiste des TIC, assure: «Au départ, nous croyions que c’était une simple affaire. Nous détenions des informations que nous voulions vérifier auprès de la Délégation générale à la sûreté nationale.

Cela nous a embarqués dans les dédales de la justice. Nous avons parfois eu peur, mais nous avons gardé le moral».

Enfin, Rodrigue Tongué, en service à la télévision Canal2, était convaincu de l'issue du procès. «Le tribunal militaire a dit le droit», se félicite-t-il.

«Un procès inutile», a commenté Me Claude Assira, avocat au Barreau du Cameroun. Il estime qu’il est temps de relancer le débat sur la dépénalisation de la presse, d'autant que «dans cette affaire, on reprochait aux journalistes de n’avoir pas trahi leur source». 

Au départ, les trois journalistes étaient simplement cités dans une affaire opposant le ministère public à Me Harissou Abdoulaye, notaire. Ils seront par la suite accusés et poursuivis pour «non dénonciation». Les faits ont finalement été requalifiés en «complicité de tentative d’outrage au président de la République».

Par Elisabeth Kouagne (Abidjan, correspondance)
Le 01/11/2017 à 17h46, mis à jour le 02/11/2017 à 10h41