Si l'intervention du président Emmanuel Macron était censée entériner un nouveau rapport entre la France et l’Afrique, elle a plutôt contribué à installer le chef de l'Etat français au centre d'une nouvelle polémique.
Après son discours, la longue séance de questions-réponses a duré pratiquement une heure. Quatre étudiants ont été choisis pour interroger le président français. Une jeune femme l'a interpellé sur l'inauguration de la plus grande centrale solaire d'Afrique de l'Ouest, lui demandant si, dorénavant, la climatisation de l'amphithéâtre allait fonctionner. L'étudiante entendait vraisemblablement lancer une pique à Macron et à son hôte, Roch Marc Christian Kaboré. Espiègle comme toujours, Macron a saisi la balle au bond pour la renvoyer au président burkinabè, dans un grand sourire.
«Vous m’avez parlé comme si j’étais le président du Burkina Faso. Interrogez-vous sur le sous-jacent psychologique qu’il y a derrière votre interpellation et l’enthousiasme que ça a créé. Vous me parlez comme si j’étais toujours une puissance coloniale, mais moi, je ne veux pas m’occuper de l’électricité dans les universités du Burkina Faso».
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Sans s'en tenir là, il a ajouté que cette responsabilité relevait du «travail du président». C'est à moment-là que le président burkinabé a quitté la salle. S'est-il senti blessé ou a-t-il vaqué à quelque occupation? La vidéo ne montre pas Kaboré de face, rendant impossible l'interprétation d'un mouvement sur son visage. Ce qui est clair, c'est qu'en sortant, il a dit au revoir de la main à l'assistance et à Macron. Comment l'interpréter? Etait-ce pour dire: "Hey, Macron, je te laisse te débrouiller avec ton audience?". Lui seul saura répondre. Mais dans le pays du cousinage à plaisanterie, il ne serait pas étonnant que Roch Marc Christian Kaboré ait voulu jouer le jeu. Les étudiants présents dans la salle étaient plutôt amusés, voire enjoués.
Ironisant sur le départ du président burkinabé, Macron a ajouté: "Du coup, il s’en va". "Restez-là!", l'a-t-il apotrophé, avant d'ajouter toujours dans un grand sourire: "Il est parti réparer la climatisation!".
Du côté burkinabé, on essaye de minimiser l’incident en justifiant le départ du président par «une pause technique». Une chose est sûre, même en France, beaucoup ont critiqué ces propos. On accuse Macron de «mépris» et certains évoquent même un «incident diplomatique».
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Jean-Luc-Melenchon a parlé d’un «écart de langage des plus méprisants» tandis que le vice-président du Front national a dénoncé une «attitude assez scandaleuse». Pire, pour le député de droite Nicolas Dupont-Aignan, «il a été d’une arrogance, d’une violence à l’égard des autorités du Burkina Faso à la limite du racisme».