Vendredi dernier, lorsque Sidiki Kaba, ministre sénégalais des Affaires étrangères, a convoqué Mushingui Salama Tulinabo, ambassadeur des Etats-Unis à Dakar, s'adressait-il au Congolais ou bien faisait-il part à l'Américain du mécontentement du peuple africain suscité par les propos de Trump? Tout ambassadeur américain qu'il est, Mushingui Salama Tulinabo, que l'ancien Premier ministre Burkinabé, Yaacouba Isaac Zida, a surnommé "Sid Pawalmdé" (la vérité ne se chuchote pas), est aussi un Congolais bon teint. Il est un exemple parmi tant d'Africains d'origine qui réussissent dans leur pays, les Etats-Unis, et qui se sont sentis insultés par ce président, que les réseaux sociaux se sont empressés de qualifier de "président de merde".
En effet, recevant des sénateurs dans le cadre d’une réunion portant sur un projet de restriction de la procédure de regroupement familial, le président américain, Donald Trump, coutumier des écarts de langage et même des discours orduriers, a traité Haïti, le Salvador et des nations africaines de "pays de merde", selon une nouvelle rapportée jeudi dernier par le très sérieux quotidien WashingtonPost.
"Pourquoi toutes ces personnes issues de pays de merde viennent-elles chez nous?", s’est exclamé le chef de l’exécutif américain. Des propos qui ont suscité l’indignation générale et une réprobation unanime de la part des pays visés, particulièrement d’Afrique, d’une grande partie de l’intelligentsia et de l’opinion mondiale.
Cette indignation est justifiée par l’histoire et la géopolitique de l'Amérique, véritable terre d’immigration depuis le temps des colonies. L’arrivée des hommes arrachés à la terre d'Afrique et l’apport des immigrés de toutes origines a créé ce meeting pot nourri par le rêve américain, qui a fait de ce pays pittoresque et coloré la plus grande puissance de notre planète.
Ainsi, parmi ceux qui ont fait l’histoire des Etats-Unis, on retrouve des figures marquantes originaires de ces "pays de merde". Le plus illustre d’entre eux, ex-locataire de la Maison blanche, est justement le prédécesseur de Donald Trump. En effet, le père de Barak Obama, né en 1961 aux îles Hawaï, est un Kényan issu de l’immigration.
Autre personnalité puisant ses racines dans un autre "pays de merde", le célèbre général Colin Powell, né à New York d'origine jamaïcaine. Il a été chef d’état-major des armées entre 1989 et 1993, période couvrant la première guerre du Golfe. Homme de grande dimension au sein de la galaxie républicaine, le général à la retraite a assumé les hautes charges de secrétaire d’Etat de 2001 à 2005.
Plus près de nous encore, l’actuel ambassadeur américain à Dakar, Tulinabo Salama Mushingi, diplomate chevronné, très actif sur les questions africaines sous le magistère Obama, est originaire de la RD Congo. Voici sa réaction après sa convocation par le ministre sénégalais des Affaires étrangères, maître Sidiki Kaba, après la déclaration de Trump: "Le Sénégal est un partenaire important pour nous en Afrique. Les Etats-Unis d’Amérique respectent profondément le peuple africain et apprécient le partenariat qui les lient à ce dernier". Au rang de ces personnalités originaires de "pays de merde", on peut également citer Thione Niang, un Sénégalais bon teint, originaire de la ville de Kaolack, qui a joué un rôle important dans la campagne de Barak Obama en 2008.
Que dire des figures marquantes de l'Amérique qui ont bâti la réputation du pays à travers la musique, les arts, la culture, à l’image de Joséphine Baker, Miles Davis, James Brown, Barry White, et plus proche de nous Beyoncé ou Akon, un Américano-Sénégalais qui chante en wolof avec Youssou NDour. Il faut ajouter à cette liste interminable les sportifs, dont les exploits ont été matérialisés par de nombreuses médailles.