Marche en RDC: un mort et deux blessés graves par balles à Kinshasa

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Le 25/02/2018 à 13h58, mis à jour le 25/02/2018 à 14h14

Un homme d'une trentaine d'années a été tué par balle dimanche à Kinshasa par la police en marge des marches des catholiques contre le maintien au pouvoir du président Joseph Kabila en République démocratique du Congo, a-t-on appris de source hospitalière.

"Depuis 7h00, nous avons reçu trois blessés liés à la marche des catholiques dont deux blessés graves par armes à feu. Le troisième qui a reçu une balle à la poitrine est décédé", a déclaré à l'AFP le docteur François Kajingulu, directeur de l'hôpital St Joseph de Limete, dans le centre de Kinshasa.

Un agent "a tiré sur mon frère à bout portant dans l'enceinte de la paroisse Saint Benoît (centre). J'étais près de mon frère", a déclaré à l'AFP le frère du défunt entre deux sanglots.

A Kisangani, grande ville du nord-est du pays, des centaines de fidèles qui sortaient de la messe ont commencé à marcher avant d'être dispersés par les forces de sécurité qui ont fait usage de gaz lacrymogènes et tiré à balles réelles. Deux personnes au moins ont été blessées par balles, selon un correspondant de l'AFP.

Les fidèles se sont repliés dans l'enceinte de la paroisse chantant le "Debout Congolais", l'hymne nationale de la RDC. 

Dans la commune populaire de Mangobo, dans le nord de Kisangani, les habitants affluaient dans les rues et plusieurs groupes de jeunes gens se retrouvaient à 50 mètres des militaires de la garde républicaine, unité spéciale chargée de la protection du président Joseph Kabila.

Dans plusieurs villes, les marches ont été étouffées par les forces de sécurités qui se sont déployées en grand nombre devant toutes les églises catholiques, ont rapporté les correspondants de l'AFP. C'est le cas à Kikwit (sud-ouest), à Goma (est) où deux jeunes gens ont été brutalisés par la police. Dans la ville voisine de Bukavu, toute tentative d'attroupement étaient systématiquement dispersée à coup de gaz lacrymogène.

Internet coupé

A Lubumbashi, deuxième ville du pays dans le sud-est, des jeunes ont brulés des pneus dans les rues avant d'être dispersés par la police anti-émeute.

Ces marches sont organisées à l'appel du Comité laïc de coordination (CLC), un collectif d'intellectuels proche de l’Église catholique, qui demandent à M. Kabila de dire publiquement qu'il ne sera pas candidat aux élections prévues le 23 décembre 2018. Le mandat du président s'est achevé le 20 décembre 2016.

L’internet a été coupé à Kinshasa et des marches réprimées par les forces de sécurité. Les SMS et le système de messagerie WhatsApp ont été suspendus brusquement aux environs de 10H00 (9H00 GMT) après la sortie des messes.

Dans plusieurs paroisses de Kinshasa, les fidèles ont commencé à marcher avant d'être dispersés à coup de gaz lacrymogène et de tires de sommation.

A Saint François de Sales, des policiers cagoulés étaient postés devant la rue qui donne sur cette paroisse du centre de Kinshasa, où une femme de 24 ans, aspirante à la vie religieuse avait été tuée par un coup de rafale le 21 janvier lors de la précédente marche. Ils ont tiré des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants.

Des militaires arrivés sur les lieux ont fait usage des tirs de sommation pour disperser les manifestants.

A Kinshasa, où la marche a été interdite, la police s'était donné pour objectif de faire "zéro mort" lors de cette troisième marche. Les deux précédentes les 31 décembre et 21 janvier avaient fait une quinzaine de morts selon l’Église, deux d'après les autorités.

Vendredi, l'Union européenne, la Suisse et le Canada avaient rappelé dans un communiqué conjoint "l'importance du respect des libertés fondamentales, en particulier de la liberté de manifester et de la liberté de culte".

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 25/02/2018 à 13h58, mis à jour le 25/02/2018 à 14h14