Cameroun-Crise anglophone: le délégué régional des Affaires sociales enlevé à Batibo

La voiture du délégué régional du ministère des Affaires sociales pour le Nord-Ouest a été retrouvée brûlée.

Le 26/02/2018 à 14h52

Animbom Aaron Akiabom a été kidnappé samedi par des hommes armés alors qu’il se rendait à des obsèques. C’est la deuxième personnalité enlevée avec le sous-préfet local qui est toujours introuvable.

Le délégué régional du ministère des Affaires sociales pour la région anglophone du Nord-Ouest a été enlevé samedi 24 février dernier par des hommes armés. «Le délégué régional a été enlevé au village Ambo vers Batibo.

Son véhicule pick-up a été retrouvé incendié», confient des sources sécuritaires. Selon des informations concordantes, Animbom Aaron Akiabom se rendait à des obsèques dans ce village lorsqu’il a été kidnappé par des inconnus. «Il était accompagné de son chauffeur et d’un autre passager. Ces derniers ont été libérés par les ravisseurs qui étaient à moto», apprend-on.

C’est la deuxième autorité administrative à être enlevée à Batibo, après le sous-préfet local. Ce dernier a été pris en otage dans la matinée du 11 février 2018, jour de célébration de la Fête de la jeunesse.

Alerté par la population qui signalait une urgence, il s’était rendu sur les lieux et était tombé dans un guet-apens tendu par ses assaillants, avait déclaré le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement. Son véhicule a été retrouvé brûlé plus tard, sans aucune trace de lui. Deux semaines plus tard, les recherches sont toujours en cours pour le retrouver.

En attendant, Ernest Nkwandze a été installé comme sous-préfet par intérim de Batibo le 14 février dernier. Ce nouveau rapt en l’espace d’un mois dans la localité vient à nouveau troubler la quiétude des populations. Ces dernières vivent la peur au ventre depuis le kidnapping du sous-préfet.

Certains ont même choisi de quitter la ville, malgré les propos rassurants du gouverneur de la région du Nord-Ouest, descendu sur le terrain trois jours après cet enlèvement pour rassurer les populations locales et la famille du disparu. «Batibo est blacklistée et c'est maintenant une zone rouge», regrette le maire de la localité, Tanjoh Fridrik.

La semaine dernière, le chef de l’Etat, Paul Biya, a créé une cinquième région militaire avec poste de commandement à Bamenda, la capitale régionale du Nord-Ouest et épicentre de la crise anglophone. «Cette réorganisation (de l’armée, NDLR) consacre un nouveau découpage territorial qui appelle à une réaction face à la situation sécuritaire actuelle», selon le porte-parole de la Défense. Dimanche, le couvre-feu en vigueur dans le Nord-Ouest a été prolongé pour la troisième semaine consécutive.

Par Tricia Bell (Yaounde, correspondance)
Le 26/02/2018 à 14h52