Rétros 2018: les tops et les flops des dirigeants qui ont marqué l'actualité

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Le 26/12/2018 à 10h25, mis à jour le 26/12/2018 à 10h28

2018 a été marquée par des faits politiques marquants en Afrique. Si en Afrique du Sud, l’insubmersible Jacob Zuma a fini par couler, en RDC, Joseph Kabila a, lui, renoncé à un 3e mandat. En Ethiopie, Abiy Ahmed a créé la révolution et redonné leur dignité aux femmes africaines. Tour d'horizon.

Les dirigeants africains ont connu des fortunes diverses en 2018. Si Paul Biya du Cameroun, Ibrahim Boubacar Keita du Mali et Abdel Fettah al-Sissi ont pu se faire réélire plus ou moins facilement, d’autres dirigeants ont été poussés à la porte sans aménagement. De nouveaux dirigeants sont parvenus à se faire des noms et surtout à marquer les esprits. C’est le cas particulièrement du Premier ministre éthiopien –véritable homme fort du pays, le président étant un poste plutôt honorifique- Abiy Ahmed, un réformateur qui a marqué les esprits.

- Zuma: la corruption a fini par couler l’«insubmersible»

Jacob Zuma, ex-président de l'Afrique du Sud.

«J’ai décidé de démissionner du poste de président de la République avec effet immédiat, même si je suis en désaccord avec la direction de mon organisation», dixit, Jacob Zuma, los d’une allocution retransmise en direct à la télévision, le mercredi 14 février 2018.

Porté à la tête du pays en 2009 par l’espoir de changement, Zuma a démissionné après 9 années de pouvoir marquées par des scandales.

Le règne de Zuma a surtout été marqué par de nombreux scandales: pots-de-vin lors d’un contrat d’armement avec le français Thales, Guptaleaks, un vaste scandale de corruption impliquant le président Jacob Zuba et la famille sulfureuse indienne des Gupta, etc.

Malgré tout, l’homme a su naviguer entre les écueils et les déboires tout au long de sa présidentielle. Il a su faire face aux motions de censure à répétition (8 au total) et aux frondeurs de son propre parti, l’ANC.

Eclaboussé par les multiples scandales, notamment de corruption, Zuma a démissionné pour éviter l’humiliation au parlement après que plusieurs membres de l’ANC ait annoncé leur volonté de voter la motion de défiance contre leur président. Et c’est pour éviter l’humiliation d’un vote hostile de son propre parti qu’il a fini par capituler, après avoir résisté contre vents et marrées, au terme d’un épilogue féroce entre lui et la direction de son parti, le Congrès national africain (ANC).

L’homme a été poussé vers la sortie un peu plus d’un an avant les élections législatives cruciales de mai 2019. Son départ était souhaité par son successeur, Cyril Ramaphosa, et l’ANC, qui craignent que les scandales de Zuma ne ternissent davantage l’image du parti et ne l’entraine dans une catastrophique électorale en 2019.

Né le 12 avril 1942, le président autodidacte, âgé de 76 ans, est un dur forgé par les geôle de l’apartheid –il a passé 10 ans au bagne de Robben Island, avec Nelson Mandela. Passionné des échecs, il a aussi dirigé en exil les services de renseignements de l’ANC à la fin des années 1980 et avait plusieurs cordes à son cou, ce qui lui a permis de faire face aux multiples scandales de son règne.

Désormais, l’ancien président Zuma fait face à un procès pour corruption dont la prochaine audience est prévue pour mai 2019, date des prochaines élections législatives et donc de l’élection du futur président, sachant que l’Afrique du Sud est une république parlementaire.

- Abiy Ahmed: le jeune réformateur et homme de paix

Abiy Ahmed, Premier ministre de l'Ethiopie.

Le mardi 27 mars 2018, Abiy Ahmed, 42 ans, a été choisi par la coalition au pouvoir en Ethiopie -Front démocratique révolutionnaire des peuples éthiopiens- pour devenir le Premier ministre, et succéder à l’ancien démissionnaire Hailemariam Desalegn. Abiy.

Agé de 42 ans, Abiy a pris ses fonctions en avril dernier. Il est le premier Premier ministre éthiopien issu de l’ethnie Oromo, une des deux principales composantes ethnique de ce second pays le plus peuplé d’Afrique avec environ 105 millions d’habitants, avec les Amhara.

Rapidement, Abiy Ahmed se démarque de ses prédécesseurs en fondant sa gouvernance sur une série de réformes et en prônant le dialogue et la paix avec ses voisins, y compris l’ennemi érythréen.

Ainsi, il décide de rétablir la paix avec l’ennemi juré, l’Erythrée. Après avoir accepté le tracé de la frontière entre les deux pays, il s’est rendu à Asmara pour rencontrer le président Issaias Afwerki, la première visite entre les deux pays depuis près de 20 ans, et renouer les relations diplomatiques entre les deux pays. Outre la normalisation de ses Il a aussi consolidé les relations avec la Somalie et consolider les relations entre Djibouti et Erythrée.

Par ailleurs, il a fait de la parité et de la promotion de la femme une priorité. En moins d’une année, des femmes ont été nommées à des postes clés pour la première fois dans l’histoire de l’Ethiopie: Président de l’Ethiopie (poste honorifique), présidente de la Cour suprême, présidente de la Commission électorale, etc. Il a aussi nommé un gouvernement de parité avec 10 hommes et 10 femmes en accordant des postes clés comme la Défense, la Paix (poste qui chapeaute la police fédérale et les services de renseignement) et le Commerce et l’industrie à des femmes.

Au niveau politique, il a libéré les opposants politiques et les journalistes et créé un ministère de la Paix pour résoudre les conflits communautaires qui menacent la stabilité du pays. De nombreux opposant exilés sont revenus au pays. En outre, depuis son arrivée, les tensions ethniques ont diminué sans toutefois disparaître.

Enfin, au niveau économique, il a décidé de stimuler le secteur privé et l’attractivité du pays en mettant fin au monopole dont jouit certaines entreprises et en ouvrant le capital des grands établissements publics (Ethiopian Airlines, Ethio Telecom, etc.)au privé.

Reste que les réformes ne plaisent pas à tout le monde. Abiy a fait l’objet d’une tentative d’assassinat et des militaires mutins ont une fois envahi son bureau.

Reste que le réformateur Abiy ne compte pas changer de cap.

- Weah: Mister George, l’ex star du ballon rond devient Mr Président

Le président libérien George Weah.

George Weah, âgé de 51 ans, a été investi le lundi 22 janvier 2018, président du Liberia devant plus de 35.000 personnes. Il est devenu le 24e président du Liberia au terme d’une première passation de pouvoir entre deux présidents élus dans ce pays depuis 1944.

Il est aussi, devenu le second président de la plus ancienne république d’Afrique, après Samuel Doe, à ne pas appartenir à l’élite «américano-libérienne» qui a dominé la vie politique du Libéria depuis 170 ans.

L’une des premières décisions du successeur d’Ellen Johnson Sirleaf, a été la réduction de son salaire et ses primes de 25% et l’annonce d’une série de révisions touchant certains textes de la constitution.

Parmi ses priorité figure en bonne place l’éducation. En octobre dernier, il a annoncé la gratuité des études universitaires pour le 1er cycle universitaire au profit de tous les étudiants libériens dans le but d’encourager les jeunes à poursuivre leurs études supérieures.

Rappelons que l’ex-footballeur, devenu sénateur avait remporté le second tour de l’élection présidentielle libérienne du 26 décembre 2017 face au vice-président sortant Joseph Boakai.

RDC: Kabila renonce au 3e mandat, vers une première transition pacifique!

Joseph Kabila, président de la RDC.

A 47 ans, le président congolais Joseph Kabila s’est enfin résigné à ne pas briguer un 3e mandat. Il est frappé par la limite du nombre de mandats consécutifs à 2 par la constitution congolaise. Le second et dernier mandat de Kabila ayant expiré depuis le 20 décembre 2016, le président s’est maintenu au pouvoir sans passer par les élections.

Ainsi, après deux années de tergiversation, et face aux multiples menaces de sanctions, il a fini par annoncer son départ et la désignation de l’ex-ministre de l’Intérieur Emmanuel Ramazani Shadary, comme son dauphin.

Si les élections présidentielles se déroulent normalement, Joseph Kabila sera le premier président congolais à quitter le pouvoir en respectant, en respectant plus ou moins la constitution. Tous ces prédécesseurs ont été tués ou renversés par des coup d’états dont son père Laurent-Désiré Kabila assassiné le 16 janvier 2001.

Reste que Joseph Kabila n’est pas rassasié du pouvoir. Ainsi, pour son avenir politique, il explique clairement qu’il faudra attendre 2023, autrement dit après les 5 ans de son successeur.

En attendant, la constitution congolaise lui garantit un poste de sénateur à vie. En plus, avant son départ, Kabila a placé ses hommes au niveau des postes sensibles: chef d’état-major, inspecteur général des armées, renseignements intérieurs et militaires, etc. En outre, il a fait voter lors d’une session extraordinaire la loi portant «le statut de la protection d’anciens présidents». Une loi taillée sur mesure étant donnée qu’il sera le seul ex-président de la RDC en vie, Joseph Kasa-Vubu, Mobutu Sese Seko et Laurent-Désiré Kabila étant tous morts.

A noter que l’élection présidentielle à la proportionnelle à un seul tour prévue le 23 décembre courant a été reportée au 30 décembre 2018. En plus, certains ténors de l’opposition ont été écartés de la course, comme c’est le cas de Moïse Katumbi et Jean-Pierre Bemba.

Bref, Kabila quitte la présidence sans vraiment quitter le pouvoir.

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Par Moussa Diop
Le 26/12/2018 à 10h25, mis à jour le 26/12/2018 à 10h28