Vidéo. Algérie. Présidentielle: le candidat Rachid Nekkaz, désormais cible des autorités

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Le 24/02/2019 à 12h05, mis à jour le 24/02/2019 à 14h18

VidéoRachid Nekkaz, candidat à l’élection présidentielle algérienne du 18 avril prochain, a été interpellé hier, samedi 23 février, à Alger. Libéré, puis expulsé vers Chlef, à 200 km de là, Nekkaz, devenu l’homme à abattre, est de retour à Alger où des manifestations sont prévues contre le 5e mandat.

C’est l’un des candidats à la présidentielle algérienne, prévue pour le 18 avril prochain contre le président sortant Abdelaziz Bouteflika, candidat à un cinquième mandat. Rachid Nekkaz est devenu désormais l’une des cibles privilégiées des autorités.

Hier, samedi 23 février, alors qu’il collectait des signatures pour valider sa candidature, Nekkaz a rapidement attiré la foule, surtout des jeunes qui aspirent au changement et qui se sont déplacés en masse au siège de l’Assemblée Populaire Communale (APC), l'équivalent du conseil municipal, dans le centre de la capitale, pour lui donner leur parrainage en vue de la collecte des signatures pour le dépôt de son dossier de candidature au scrutin du 18 avril.

La foule était si nombreuse que les autorités ont craint qu’elle ne se transforme en un rassemblement «anti-cinquième mandat».

Etant donné l’engouement qu’a suscité ce candidat à Alger, les autorités ont rapidement procédé à son arrestation et ont mobilisé à cet effet un impressionnant dispositif de sécurité.

رشيد نكاز في برج منايل و سوف يكون على الساعة 11 زوالا بتيزي وزو منسق رشيد نكاز ببرج منايل : نبيل : 0554264880 ——— ‎هذا هو الرابط لتصبحوا مراسلين ح.ش.ت ببلديتكم لجمع 60.000 توقيع : http://nekkaz-mjc.com/creer-une-section-du-mjc-dans-votre-ville/ ——-

Posted by ‎رشيد نكاز Rachid Nekkaz‎ on Sunday, February 24, 2019

Après son arrestation, il a été conduit de force par des policiers jusqu’à la ville d’Aïn Merane, dans la wilaya de Chlef.

Des sources proches de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) ont justifié cette arrestation temporaire par le fait d’«éviter un éventuel sit-in devant le siège de l’APC d’Alger-Centre».

Cette arrestation intervient au lendemain de manifestations monstres à Alger et dans les grandes villes algériennes contre le cinquième mandat voulu pour Bouteflika, qui est à la tête du pays depuis 1999, soit 20 ans de mandats successifs. 

Malgré la surveillance étroite dont il a été l’objet dans sa ville, Rachid Nekkaz est aujourd'hui de retour à Alger.

Le candidat au scrutin du 18 avril prochain a dénoncé son arrestation, qualifiant celle-ci «catastrophe et de honte».

Et sur des vidéos postées sur Facebook, Nekkaz revient sur son arrestation à Alger par les forces de l’ordre lors de la grande manifestation du vendredi 22 février dans la capitale. 

رشيد نكاز في برج منايل اليوم على الساعة 9h صباحا كما سيكون بتيزي وزو على الساعة 10:30 إن شاء الله . أقول و أكرر نحن سلميين و قانونيين نريدها جزائر قوية جزائر نظيفة نريدها جزائر آمنة مزدهرة في كل المجالات . منسق رشيد نكاز ببرج منايل : نبيل : 0554264880 ——— ‎هذا هو الرابط لتصبحوا مراسلين ح.ش.ت ببلديتكم لجمع 60.000 توقيع : http://nekkaz-mjc.com/creer-une-section-du-mjc-dans-votre-ville/ ——-

Posted by ‎رشيد نكاز Rachid Nekkaz‎ on Saturday, February 23, 2019

«J’ai démarré à 1 heure du matin pour venir à Alger. Maintenant, faites ce que vous voulez !», a-t-il lancé à l’adresse du pouvoir.

Après le général-major Ali Ghediri, Nekkaz est désormais la nouvelle cible des autorités algériennes, qui paraissent prêtes à museler les candidats qui font montre d'une certaine aura, tout particulièrement auprès des jeunes, qui ne veulent plus du système Bouteflika.

A cet égard, Rachid Nekkaz est un jeune homme qui sait attirer des foules là où il passe, contrairement à Ali Ghediri, lui aussi candidat à la présidentielle. 

Recalé à la présidentielle de 2014 parce qu'il n'avait pu déposer ses parrainages auprès du Conseil constitutionnel, suite au vol de son dossier, Rachid Nekkaz doit faire face cette année à une révision de la constitution en 2016, laquelle stipule que les candidats à la magistrature suprême doivent prouver qu’ils n’ont pas possédé par la passé une autre nationalité.

Parce que ce candidat est un ancien émigré, qui possédait la nationalité française, à laquelle il a, depuis, renoncé, beaucoup d'Algériens estiment que cette disposition constitutionnelle a été taillée sur mesure contre sa candidature qui gêne la nomenclature dirigeante.

Preuve que les dirigeants algériens redoutent sa candidature, le maire de Khenchela , ville située dans les Aurès, avait fermé la mairie le mardi dernier afin d’empêcher le candidat d’y enregistrer ses parrainage.

Toutefois, la volonté des citoyens avait fini par faire plier le maire, entre-temps suspendu par le wali, suite au piétinement du portrait de Bouteflika par des manifestants mécontents.

Une chose est sûre: l’annulation de la candidature de Rachid Nekkaz pourrait entraîner un mécontentement populaire. 

Par Karim Zeidane
Le 24/02/2019 à 12h05, mis à jour le 24/02/2019 à 14h18