Union africaine: les enjeux du «sommet extraordinaire» de Niamey

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Le 01/07/2019 à 13h10, mis à jour le 02/07/2019 à 16h45

Niamey, la capitale du Niger, accueille du 4 au 8 juillet, un sommet extraordinaire de l’Union africaine. Tous les chefs d’Etat et de gouvernement sont attendus pour le dernier sommet de milieu d’année de l’institution panafricaine, un format au cours duquel sera officiellement lancée la Zlec.

Niamey accueille du 4 au 8 juillet courant le premier «Sommet de coordination» de l’Union africaine après la suppression du second sommet annuel dans le cadre des réformes de l’institution panafricaine.

Toutefois, vu l’enjeu de cette rencontre, une dérogation a été accordée au Niger avec la transformation de cette rencontre en sommet extraordinaire dédié au lancement de la Zlec.

Ainsi, la rencontre de Niamey, qui devrait marquer le début de la première réunion de coordination de l’Union africaine, était au départ prévue pour être restreinte. Elle devait en effet se limiter aux 5 chefs d’Etat des pays membres du bureau de l’Union africaine (Egypte, Rwanda, Afrique du Sud, RD Congo et Niger), les chefs d’Etat dirigeant les 5 regroupements économiques régionaux du continent et le président du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad), l’organe de mise en œuvre de la stratégie de développement de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, basé en Afrique du Sud. Elle a été finalement élargie à tous les chefs d’Etat et de gouvernement du continent. Une manière aussi de remercier le président nigérien Mahamadou Issoufou qui a coordonné le projet de création de la Zlec depuis 2016.

L'objectif est aussi de marquer solennellement le lancement de la Zlec, officiellement sur les rails depuis le 30 mai dernier après la ratification de l’accord l'établissant par 22 pays membres sur les 52 actuels signataires.

La Zlec, un des projets phares de l’Agenda 2063 de l’Union africaine,. Elle vise à supprimer les droits de douane sur 90% des biens échangés au niveau du continent et à libéraliser les services. Le commerce intra-africain ne pèse que 15% du commerce global du continent, contre 67% pour l’Union européenne. Selon la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (Cnuced), la Zlec, un marché de 1,2 milliard de consommateurs, pourrait augmenter les échanges intra-africain de 33%, permettre au continent de doubler sa production industrielle, de multiplier les créations d’emplois… En cas de libéralisation, le commerce intra-africain pourrait représenter 52% du commerce global du continent, à condition bien évidemment que le continent arrive à mettre en place des politiques de transformation industrielle et augmente ses capacités de production.

Reste que pour y arriver, il faudrait dépasser de nombreux écueils. Parmi ceux-ci figure en bonne place l’épineux problème de la "règle d’origine". Pour les experts, le succès de la Zlec dépendra beaucoup des «règles d’origine» que vont mettre en place les pays signataires de l’accord de libre-échange et qui permettent à la marchandise de circuler au sein de la zone de libre-échange sans payer de droits de douane.

Il s’agit en quelque sorte d’un certificat prouvant que la marchandise objet de l'échange est, dans une certaine proportion, d’origine africaine.

Tout le problème est de déterminer cette proportion. Un taux d'intégration local très élevé découragerait les exportateurs africains qui ont besoin d’«intrants» pour fabriquer leur produit final. Et en cas de mise en place d’une règle d'origine trop basse, cela fera le profit des pays non africains qui s’implanteront dans certains pays africains pour produire en Afrique des produits avec une faible valeur ajoutée africaine.

Pour la Cnuced, les règles d’origine doivent être claires, compréhensibles, transparentes, évolutives, etc.

Outre les barrières tarifaires, les pays africains doivent aussi réduire considérablement les barrières non tarifaires, alléger la lourdeur des formalités douanières et les pratiques anticoncurrentielles des acteurs.

En outre, les obstacles liés aux infrastructures et à la logistique continueront de peser sur les échanges au niveau du continent.

De même, du fait de l’absence d’accord sur les biens à exclure de la libéralisation, chaque pays devrait faire connaître sa liste de produits dits «non sensibles» lors de cette rencontre.

Par ailleurs, le sommet de Niamey devrait permettre aux chefs d’Etat de choisir le pays devant abriter le siège du Secrétariat permanent de la Zlec. Cinq pays sont candidats: Ghana, Egypte, Kenya, Madagascar et eSwatini. Les trois premiers partent favoris pour accueillir ce qui devrait être la plus importante institution de l’Union africaine en dehors d'Addis-Abeba (Ethiopie).

Enfin, outre la Zlec sur laquelle seront focalisées les discussions, cette rencontre sera aussi l’occasion de débattre de plusieurs autres sujets visant à accélérer l’intégration africaine, dont le passeport unique africain et la mise en place d’un marché unique aérien. Deux projets qui vont de pair avec la mise en place de la Zlec du fait qu’ils facilitent la libre-circulation des personnes et des biens au sein du continent mais qui tardent à se matérialiser.

Par Moussa Diop
Le 01/07/2019 à 13h10, mis à jour le 02/07/2019 à 16h45