Les tensions nées autour de ce fleuve mythique qu'est le Nil, qui traversel’Egypte, le Soudan et l’Ethiopie, semblent désormais aplanies. Le projet du Grand Barrage de la Renaissance Ethiopienne (GERD), à l'origine de cette querelle, semble être à nouveau remis au goût du jour depuis une rencontre, organisée à Washington, en présence du secrétaire d'Etat américain au Trésor et des représentants de la Banque Mondiale, entre les délégations expressément venues d'Egypte et d'Ethiopie.
Depuis, lundi 2 et mardi 3 décembre derniers, une autre rencontre, au Caire cette fois-ci, a réuni les trois pays pour discuter du l’achèvement de ce barrage et des conditions du remplissage de son réservoir.
Cette réunion de travail a permis de discuter de questions d'ordre technique, relatives au remplissage et à la mise en service de ce barrage.
Il s’agit là du second des quatre rounds de négociation, qui avaient été préalablement négociés par les Etats-Unis avec les trois pays lors de la rencontre de réconciliation de Washington.
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Deux autres rounds sont programmés au Soudan et en Ethiopie, avant le 15 janvier 2020 pour aboutir à une solution définitive sur le calendrier de remplissage du réservoir et d’exploitation du barrage.
En question, le remplissage du réservoir de ce barrage géant (l'équivalent d'un lac de 246 km de long) avec près de 74 milliards de mètres cubes d’eau?
Si aucune déclaration n’a filtré après la première réunion du Caire, certaines sources du Soudan font part d’un accord sur un calendrier de remplissage du barrage basé sur une période de près de 7 ans.
L’Ethiopie souhaite un remplissage rapide, sur une durée d'environ 5 ans, afin de pouvoir produire de manière efficiente de l’électricité (ce barrage a une capacité de 6.450 MW), ce qui permettra donc d'amortir le coût du barrage, qui pourrait atteindre les 5 milliards de dollars, alors que l’Egypte, quant à elle, table sur un délai de 10 à 12 ans, afin de ne pas être privée des eaux du Nil nécessaires à sa population, son agriculture et son industrie.
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Toutefois, l'Egypte a souligné qu'aucun accord définitif sur la durée du remplissage du barrage n’a encore été signé. Mais les représentants du Caire ont néanmoins expliqué que lors de la précédente rencontre entre les délégations égyptienne et éthiopienne, il a été convenu que le remplissage de ce réservoir se fera en fonction de l’hydrologie du Nil Bleu qui prend sa source en Ethiopie.
En clair, le remplissage du barrage va prendre en considération tous les aspects du cycle de l’eau, en particulier les échanges entre le fleuve et la mer, l’atmosphère (climatologie, océanographie…), la surface terrestre (celle du fameux limon du Nil) ainsi que le sous-sol (hydrogéologie).
L’Egypte, forte de son histoire plurimillénaire, évoque un «droit historique» sur le Nil et souhaite avoir une garantie d’un minimum annuel de 40 milliards de mètres cube d’eau, ce à quoi l’Ethiopie, dont l'histoire ancienne ne peut non plus être remise en cause, n’a pas donné son accord.
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Le Nil Bleu prend sa source dans le lac Tana, sur les plateaux d’Ethiopie. Ce fleuve est à l'origine de près de 70% des ressources hydriques du Nil. En conséquence, toute réduction de son débit entraînerait inéluctablement une baisse du niveau des eaux du Nil, sur le territoire égyptien. Or, le Nil représente 90% de l'approvisionnement hydrique de l'Egypte.
C'est pourquoi l'historien Hérodote avait défini, au Ve siècle avant notre ère, l'Egypte comme étant "un don du Nil".